Après les concerts Ligeti et Stravinsky à Paris (Châtelet) et un disque surprenant consacré aux musiques de Bernard Herrmann (Sony), Esa-Pekka Salonen revient sur le devant de la scène avec deux enregistrements consacrés à Bartók. Sommet de la musique d’orchestre du compositeur hongrois et partition majeure du xxe siècle, la Musique pour cordes, percussions et […]
Après les concerts Ligeti et Stravinsky à Paris (Châtelet) et un disque surprenant consacré aux musiques de Bernard Herrmann (Sony), Esa-Pekka Salonen revient sur le devant de la scène avec deux enregistrements consacrés à Bartók. Sommet de la musique d’orchestre du compositeur hongrois et partition majeure du xxe siècle, la Musique pour cordes, percussions et célesta (1936) connaît une discographie pléthorique dont l’abondance n’a d’égale que sa popularité. En dépit de versions de référence, Salonen a souhaité se jeter dans la mêlée pour proposer sa vision de cette œuvre emblématique. Musique à ciel ouvert, d’un bleu intense, il souffle sur cette partition un vent puissant dispersant des nuées, qui se poursuivent et se déchirent au mépris des lois de la gravitation. Bartók fait léviter rythmes et couleurs en symbiose. Salonen imprime une sauvagerie roborative à tout l’orchestre, mais il manque à sa direction l’électricité qui parcourt des interprétations concurrentes. Il est plus à l’aise dans le Concerto pour orchestre (1943), en particulier dans les mouvements lents (I et III), façonnant avec subtilité le chant plaintif d’une mélodie ou le rythme secret et voilé d’une danse. Son interprétation des trois Concertos pour piano n’est pas moins passionnante. Dans le Second (1930-31), il oppose clairement les deux mouvements médiants et l’adagio central : la violence débridée et tumultueuse de l’allegro (on songe au Stravinsky de L’Oiseau de feu) s’enchaîne à la poésie lunaire et élégiaque qu’exhale l’adagio. Yefim Bronfman déploie au piano une fureur inaccoutumée, à la fois intense et véloce ; son jeu convient magnifiquement au style de Bartók, qui sollicite un vertige du rythme. Si les musiciens manquent de conviction dans le Troisième concerto (1945), en revanche dans le Premier concerto (1926), où le Ravel du Concerto en sol pointe, le piano palpite avec générosité sur le crépitement répété des timbales frappées. Précis et bondissant, l’Orchestre de Los Angeles, sous la baguette du chef finlandais, délivre une interprétation racée.
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Béla Bartók, Concertos pour piano 1, 2 & 3 ; Musique pour cordes, percussions et célesta ; Concerto pour orchestre - piano Yefim Bronfman, Orchestre philharmonique de Los Angeles, direction Esa-Pekka Salonen (Sony)
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