Les sites de streaming gratuit vont-ils disparaître ? Différents indices montrent que les offres payantes vont se multiplier. Objectif : favoriser la publicité ciblée.
Deux tiers (61%) des Français (77% des 15-24 ans) plébiscitent le streaming comme mode de consommation sur Internet, selon un rapport du Snep (Syndicat national de l’édition phonographique) présenté au dernier Midem (Marché international de la musique) en janvier.
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Mais les sites permettant d’écouter gratuitement et sans limite (grâce à la publicité) sont peut-être en sursis. Il y a quelques jours, Deezer a décidé de limiter à cinq heures par mois l’écoute gratuite. Le site (1,2 million d’abonnés à son offre payante) veut « accélérer la conversion des utilisateurs les plus actifs vers des offres payantes ». Cette évolution s’accompagne d’une nouvelle version du site qui est « cinq fois plus rapide » (selon ses dirigeants) et d’une intégration plus poussée de Facebook (permettant de savoir ce que vos amis écoutent).
Moins de 10% des utilisateurs passent au payant
Spotify pourrait aller plus loin dans le rapprochement avec Facebook en lançant un service de musique en ligne en partenariat. En touchant les quelque 650 millions d’inscrits à ce réseau social, le site musical (lancé en 2006) pourrait augmenter le nombre d’abonnés payants. Un pari peut-être difficile à relever. Selon une étude de la Sacem, parue aussi au Midem, le taux de transformation en abonnés payants reste inférieur à 10%. La décision de Deezer et de Spotify pourrait inciter les fans de musique à se tourner vers des offres gratuites comme Grooveshark ou musicMe par exemple.
Pour Facebook, cet accord (pas encore confirmé) lui permettrait d’étoffer son offre de produits culturels. Il ne manquerait plus que la vidéo. Cela pourrait arriver prochainement. En mars dernier, Warner a testé un service de vidéo à la demande (VOD). TF1 vient aussi de se lancer : la première chaîne propose désormais depuis son Facebook le spectacle de Florence Foresti en vidéo à la demande. Le catalogue devrait rapidement s’agrandir, pour proposer des films et des séries notamment.
Roland-Garros sur YouTube
L’étape ultime ? Les programmes TV en streaming accessibles directement sur des « téléviseurs connectés ». Comme le câble et le satellite, Internet (et en particulier le streaming qui représente actuellement 50% du trafic) pourrait devenir un canal supplémentaire pour accéder à des contenus audio-vidéo sur son écran plat.
« Nous sommes en train d’ouvrir la boîte de Pandore en mettant le Web sur la télévision, prévient Laurent Michaud, chef de projet loisirs numériques à l’Idate (Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe). Internet permet de bénéficier d’une interactivité et d’une captation de l’audience plus précises qu’avec la TV hertzienne : avec l’adresse IP de sa TV connectée, on pourra savoir ce que je regarde et où je suis en temps réel. Autant d’informations très utiles pour afficher des publicités ciblées. »
La publicité ciblée pourrait devenir une menace pour les chaînes gratuites car elle pourrait entraîner une importante perte de leurs revenus. Un accord entre YouTube et quelques majors hollywoodiennes pour la diffusion de leurs films (et séries) sur les TV connectées dans chaque pays aurait un impact énorme sur l’économie des chaînes. Surtout si des accords similaires sont signés avec les ayants droit d’événements sportifs ayant une renommée internationale. Les Internationaux de tennis de Roland-Garros ou le Tour de France pourraient passer de France Télévisions à YouTube ! Pour l’instant, aucun accord n’est signé mais, aux Etats-Unis, YouTube multiplie les appels du pied auprès des ligues de sport.
Mais tout le monde ne mise pas sur le streaming. C’est le cas d’Apple qui accentue une fois de plus la pression sur ses clients pour qu’ils n’aillent pas voir ailleurs. Le service iCloud (disponible en juillet) permet la synchronisation automatique de tous les contenus (acheté ou non sur iTunes) sur les terminaux Apple. Tout est stocké sur les serveurs de la société (gratuit jusqu’à 5 Go) et accessible en ligne – la firme n’a cependant pas encore détaillé quels services d’iCloud seraient compatibles avec Windows.
Philippe Richard
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