Un coup de Mars. En mêlant techno, pop, euphorisants et entomologie, Autoditacker offre le médicament pour l’âme du moment. Le duo Mouse On Mars fait penser à des professeurs d’informatique tout gris qui mettraient cravates à pois et costumes flashy pour descendre prêcher la bonne parole en boîte le samedi soir. Parler de leur musique […]
Un coup de Mars. En mêlant techno, pop, euphorisants et entomologie, Autoditacker offre le médicament pour l’âme du moment.
Le duo Mouse On Mars fait penser à des professeurs d’informatique tout gris qui mettraient cravates à pois et costumes flashy pour descendre prêcher la bonne parole en boîte le samedi soir. Parler de leur musique en tant que modèle social, ils peuvent le faire. Mettre une colonie de fourmis dans un Gameboy pour voir quel son ça peut donner, ils peuvent le faire aussi. On avait gardé en mémoire leur premier album Vulvalaland à cause de ce morceau qui samplait le J’ai bien du chagrin de Françoise Hardy. Des sentiments et une chaleur certaine perçaient derrière les rythmes et à l’époque, on n’y était pas habitués. Rompant avec l’anonymat des productions techno, on pouvait ici positivement voir Jan St Werner et Andi Toma adresser des clins d’oeil de derrière leurs machines. Ils tentaient de raconter des histoires sans paroles, mais avec un début et une fin caractéristique beaucoup plus pop que techno. Alors on s’était souvenu de Kraftwerk Mouse On Mars apparaissant soudain comme les seuls dignes héritiers de cette tradition germanique de pop électronique. Oubliant leurs débuts mélancoliques, ils emmenaient leurs machines faire un tour sous les tropiques avec Iaora Tahiti, curieux mélange d’easy-listening, de rythmes faits main, de forêt vierge et de football. De ce voyage mené au rythme de leur Gameboy, ils ramenaient un sens du rêve et de l’humour qui ne les a pas lâchés depuis.
Après deux ans de silence à composer la BO (refusée) d’un film avec le Tony Danza des samedis soirs de M6 et à aider Wolfgang Fur de Kraftwerk à terminer son album solo, c’est avec le duo féminin de Stereolab qu’ils ont choisi de revenir en début d’année pour l’un des formats courts les plus énigmatiques de la décennie. Bien sûr, l’électronique ludique était entre-temps passée du Gameboy au Tamagotchi, innovations que les Mouse On Mars ont intégrées sur Autoditacker, leur nouvel album. Progrès technique oblige, ils ont encore accentué la déformation du miroir qu’ils appliquent à tout ce que la création a pu engendrer en musiques électroniques. On les voit ainsi balancer le rythme techno obèse de Sui shop au milieu d’un bain moussant, faire prendre l’air à X-flies et Schnick schnack titre commenté par une Lætitia Sadier de Stereolab visiblement médusée. Et puis il y a ces basses dub massives qui, jointes à une légère ligne de guitare saturée, font de Sehnsud l’un des meilleurs morceaux de l’album. Visa d’exportation obligé pour tout disque venant d’Allemagne, on a droit à la vraie fausse reprise du Mother sky de Can : Tamagotchi et sa mer de lubrifiant synthétique. Servant de liant entre tous ces rythmes, une présence insectoïde bizarre, amas de blips et de bruits rampants, de lignes synthétiques avortées, de gouttes d’eau s’écrasant sur le sol : c’est le piment indispensable, la source de l’humour de Mouse On Mars. Enfin, après trente secondes de vide, un rot électronique clôt Autoditacker. C’est ainsi que cette musique ludique et fraîche évoque ces médicaments que l’on recouvre d’une couche de sucre : sous les apparences d’un groupe techno-pop-rigolo, Mouse On Mars distille une masse d’idées et de sons nouveaux qui auraient pu en rebuter beaucoup si l’enrobage n’avait pas été aussi réussi.
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