Dans Liz & Dick, Lindsay Lohan se confond avec Liz Taylor. Photos volées, scènes de ménage, cigarettes et alcool : parfois, la frontière est ténue entre la vie et un mauvais téléfilm.
1. Lindsay
Il est des moments où, l’espace de quelques secondes, tout prend sens. Des moments où l’absurdité de l’existence disparaît au profit d’une vision mathématique de la vie : tout a une cause et un but, vous le comprenez maintenant. Ces instants sont rares et éphémères. Ainsi faut-il savoir les saisir et toujours garder en tête qu’ils arrivent principalement chez des personnes très fatiguées et/ou ivres. En regardant Liz & Dick, téléfilm médiocre de Lifetime sur l’idylle entre Liz Taylor et Richard Burton, le spectateur épuisé pourra soudainement avoir l’impression de vivre un alignement des planètes dans sa tête et d’être le premier à comprendre que si Lindsay Lohan a abusé de psychotropes et de Botox durant toutes ces années, c’était en réalité dans le seul but de se préparer à tenir le rôle d’Elizabeth Taylor à l’âge de 60 ans. Ça se tient.
http://www.youtube.com/watch?v=WVCmuz_4dII
2. Bris de verre et bruits d’étoffes
À propos de Liz & Dick, le Hollywood Reporter évoque un “terrible gâchis” et un “classique de l’hilarité non intentionnelle”. Le gâchis s’applique aussi à Lindsay dont la beauté, avec “l’éclat vénéneux de sa peau blanche semée de taches de rousseur”, en a jadis fasciné plus d’un. C’est le cas de Jean Rolin qui, dans Le Ravissement de Britney Spears, fait de Lindsay un être hautement désirable en comparaison d’une Britney bien fadasse. S’il note déjà une certaine ressemblance avec Liz Taylor (“Il n’y avait que Liz Taylor, au même âge, qui pût lui être comparée”), le narrateur évoque également “une épave vindicative et rabrouée, titubant sous l’emprise de toxiques divers, dont la chute imminente est guettée jour après jour dans de véritables transports de volupté”.
Concernant le téléfilm lui-même, outre le jeu maladroit de Lindsay, le plus indigent reste le scénario. En quelques mots : Liz et Dick se détestent, s’aiment puis se disputent avant de se re-aimer puis de se re-disputer et vice versa. Dans l’intervalle, tous deux boivent énormément, n’hésitant pas à y aller au goulot avant de balancer bouteilles et autres contenants fragiles contre les murs. En bref, Lindsay/Liz porte de gros bijoux, ne supporte pas la vaisselle en verre et, en rage, court avec des robes qui font des bruits de belles étoffes qui se froissent. La base.
3. Une star au bord de la mise en abyme
Durant le téléfilm, le récit chronologique de l’histoire de love entre Liz et Dick est régulièrement interrompu par des scènes donnant à voir ces derniers assis dans la pénombre sur des chaises dites “de réalisateur”. Là, les deux commentent leurs actions en se retenant manifestement de casser les verres à whisky. Le dispositif est quelque peu ridicule mais pas plus que l’autre mise en abyme, quand, par exemple, Lindsay Lohan aka Liz, bouleversée, interroge son amant sur l’avènement des “candid shots” en une des magazines. En cause : ces photos volées qui sont aujourd’hui devenues légion et qui sont les seules images à travers lesquelles Lindsay a existé médiatiquement ces dernières années. Car l’actrice est bien l’archétype de la pop-star contemporaine dont les errements sont largement documentés par la presse, à grands renforts de conduite en état d’ivresse, d’arrestations, de bracelets électroniques, de querelles familiales, d’absence de culotte, de séjours en rehab, de prise de poids soudaine, de perte de poids non moins soudaine et de flirt permanent avec le coma éthylique. Pourtant, malgré tout, Lindsay, elle, y croit. Elle confiait, la semaine dernière, vouloir “être connue en tant qu’actrice et pas comme une starlette troublée”. Il est souvent difficile de donner un sens à sa vie.