Salutaire retour aux fondamentaux pour Driver: San Francisco, terrain de jeu idéal pour fou du volant virtuel.
Jeu emblématique de la première PlayStation, Driver avait mal négocié le virage des années 2000. Au fil des épisodes et sous l’influence de GTA, son flic emblématique John Tanner s’était mis à quitter sa voiture pour jouer les héros de jeux d’action ordinaires. Driver semblait s’égarer dans un registre qui ne convenait pas plus à son personnage qu’au talent du studio britannique Reflections, racheté en 2006 par Ubisoft. Le cinquième volet (si on laisse de côté les spin-offs portables) de la série revient aujourd’hui dans la ville du tout premier, San Francisco. Mais c’est surtout le jeu lui-même qui opère un retour à son point de départ – pour mieux en repartir sur les chapeaux de roue.
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Oubliées les tentatives d’hybridation : nous revoilà simple automobiliste lâché dans une ville savamment recréée. La structure du jeu s’apparente à celle d’Assassin’s Creed avec trois niveaux d’activités : les missions obligatoires qui font avancer l’aventure, des épreuves autonomes mais scénarisées et une collection de défis urbains (faire un saut de 35 mètres avec un taxi, rouler 20 secondes à contresens et à 80 km/h…).
A la fois inventif et facile d’accès, Driver: San Francisco y gagne un pouvoir d’attraction sans cesse ravivé qui en fait déjà un terrain de jeu idéal pour fou du volant virtuel. Mais il ne s’arrête pas là, ses concepteurs prenant acte très littéralement, au prix d’une astuce narrative que l’on ne dévoilera pas, de la disparition du corps du héros que signe la décision de lui interdire la marche. Après une terrible collision, Tanner se découvre ainsi, tel un pur esprit automobiliste farceur, capable de s’inviter dans n’importe quelle voiture pour en remplacer le chauffeur. Ce qui donne au jeu une toute nouvelle dimension stratégique, la partie d’auto-tamponneuses se piquant de saute-mouton. Comment mieux stopper le fugitif sur le point de nous semer qu’en se téléportant au volant d’une voiture susceptible de percuter la sienne de face ?
Driver: San Francisco instaure ainsi un rapport aussi étrange que stimulant à la ville, que l’on explore d’en haut, libéré de la gravité autant que de l’identification, avant de décider où se poser et de se laisser gagner par son furieux tempo. Ce faisant, il dresse aussi un portrait pas bête du joueur : celui qui, venu d’ailleurs, sort de son corps pour s’essayer à la vie d’un autre.
Erwan Higuinen
Driver: San Francisco sur PS3, Xbox 360 et PC (Ubisoft, de 50 à 70 €)
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