Les maquisards de Prohibition mourront peut-être un jour mais ne se rendront jamais, pas même à l’évidence d’un insuccès public aussi persistant qu’immérité ce qui n’exclut pas, bien sûr, l’existence d’un noyau très dur de fans déterminés. Mais ne nous étendons pas complaisamment sur ce constat pour nous consacrer presto à l’essentiel de ce […]
Les maquisards de Prohibition mourront peut-être un jour mais ne se rendront jamais, pas même à l’évidence d’un insuccès public aussi persistant qu’immérité ce qui n’exclut pas, bien sûr, l’existence d’un noyau très dur de fans déterminés. Mais ne nous étendons pas complaisamment sur ce constat pour nous consacrer presto à l’essentiel de ce groupe : sa musique. D’autant que la musique en question, sur 14 ups and downs, captive et empoigne avec une main de fer dans un gant de velours et ne relâche, à regret, qu’à l’instant fatidique où s’apprête à survenir le souffle dernier. On n’a pas si souvent, dans une vie d’amateur de rock, l’occasion d’expérimenter de si troublants frissons pour les ignorer froidement lorsqu’ils se présentent à l’échine. C’est donc à notre corps pas du tout défendant que nous vantons les vibrants mérites de ce cinquième album, dense et intense, de Prohibition. Après des débuts à forte connotation fugazienne, le trio devenu quatuor suite à l’arrivée de Quentin Rollet et de son saxo tourneboulant , parisien mais de stricte obédience américaine, a su petit à petit prendre son essor et trouver sa voie propre en empruntant la direction d’un tout relatif apaisement dans lequel seuls d’indécrottables cuistres se hâteront de percevoir un affadissement. Caparaçonné de mauvaise foi serait celui qui dénicherait des traces de fadeur dans ces 14 hauts et bas tiraillés, ainsi que le titre générique l’indique, entre irrépressibles accès de mélancolie noire et vifs sursauts belliqueux. Et si la colère demeure la plupart du temps contenue, sous-jacente, elle n’en est que plus menaçante, mille fois plus que n’importe quelle gommeuse démonstration de virilité tatouée. Bataillant en rangs serrés, les interprètes-compositeurs, portant à bout de bras un chant de la dernière chance, s’y entendent à merveille pour porter l’estocade et frapper l’auditeur aux points stratégiques au coeur par exemple. Quand 14 ups and downs, disque à l’émotivité saillante, prend fin, il ne subsiste plus la moindre ombre de doute : tous les éléments recueillis pendant l’écoute concordent et nous persuadent d’acclamer Prohibition qui livre ici, un an après le semblablement ardent premier album de Purr, un prototype exemplaire de musique gracile pour gens difficiles. Les connaisseurs apprécieront.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}