L’amour sans perruque. Le jeune violoniste Fabio Biondi offre une cure de jouvence aux airs et duos les plus italiens d’Haendel. Capiteux. Depuis près de deux ans, Fabio Biondi, violoniste et chef de L’Ensemble Europa Galante, bouscule le milieu de la musique ancienne avec ses interprétations fougueuses et sensuelles des Concertos de Vivaldi en […]
L’amour sans perruque. Le jeune violoniste Fabio Biondi offre une cure de jouvence aux airs et duos les plus italiens d’Haendel. Capiteux.
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Depuis près de deux ans, Fabio Biondi, violoniste et chef de L’Ensemble Europa Galante, bouscule le milieu de la musique ancienne avec ses interprétations fougueuses et sensuelles des Concertos de Vivaldi en particulier les Quatre saisons. Tout a été dit, ou presque, sur ce jeune violoniste italien qui sait allier virtuosité, légèreté et fureur dans un répertoire encore abordé par certains en perruque poudrée et sequins poussiéreux. Depuis, la « cure de jouvence » Biondi a fait des émules et les Saisons connaissent, comme par miracle, de nouveaux enregistrements… Le jeune maître ne s’est pas arrêté en si bon chemin ; parcourant l’Europe avec son Ensemble, il a donné de substantielles versions des Sonates pour violon et clavecin (avec la complicité du claveciniste Rinaldo Alessandrini), des Concerti grossi op. 6 de Corelli, de trois Quintettes de Boccherini et du Salve regina de Pergolese. Biondi ne se limite pas au répertoire baroque et son enregistrement des deux Sonates pour violon et piano de Robert Schumann comble un vide de l’interprétation romantique, où l’habituel vibrato puissant de l’instrument à cordes devient un velours moiré sur les touches du piano Erard de 1846. Le charme Biondi opère à nouveau dans ce récital d’Airs et duos d’amour d’Haendel, rehaussé par les voix magnifiques de Sandrine Piau (soprano) et Gloria Banditelli (contralto). Si la majorité des airs compris sur ce disque ont été composés par Haendel à Londres, entre 1711 et 1740, et proviennent de ses nombreux opéras (Tolomeo, Muzio Scevola, Rinaldo, Berenice, Imeneo, Rodelino, Arminio et Il Parnasso in festa), en revanche leur inspiration découle directement de l’Italie, et notamment de textes italiens comme la Jérusalem délivrée du Tasse pour Rinaldo. Dans l’air fameux de Rinaldo Cara sposa , où le héros chante avec insistance la douleur de la séparation, Banditelli exprime admirablement cette lamentation infinie, exprimant dans le grave de sa voix les tréfonds de l’âme inquiète de Rinaldo. De même, dans le capiteux duo Ma come amar ? de Muzio Scevola (une composition commune d’Haendel, Amadei et Bononcini), où les deux personnages posent la question de la fidélité amoureuse, Piau et Banditelli se grisent du rythme allègre et joyeux d’Europa Galante et c’est toute la furia italienne qui emporte l’instrumentale Sonata sesta a due violini e bassi, où les instruments exultent et font claquer leurs cordes de joie. Une fois encore, le regard que porte Fabio Biondi sur ces airs enchanteurs d’Haendel témoigne de sa vitalité sans cesse en éveil de musicien.
Georg-Friedrich Haendel Arie e duetti d’amore, avec Sandrine Piau, Gloria Banditelli, L’Ensemble Europa Galante, direction Fabio Biondi
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