Georges Pludermacher donne, sur disque et en concert, une version impressionnante des Sonates de Beethoven. Les trente-deux Sonates de Beethoven sont, par leur ampleur et leur nouveauté, un sommet du piano romantique. C’est justement en pianiste de grand talent et non en spécialiste qu’à 55 ans Georges Pludermacher surnommé Jojo par ses intimes […]
Georges Pludermacher donne, sur disque et en concert, une version impressionnante des Sonates de Beethoven.
Les trente-deux Sonates de Beethoven sont, par leur ampleur et leur nouveauté, un sommet du piano romantique. C’est justement en pianiste de grand talent et non en spécialiste qu’à 55 ans Georges Pludermacher surnommé Jojo par ses intimes aborde cette oeuvre, lui qui, à ses débuts, accompagnait rien de moins que le ténor Ernst Häffliger dans des récitals de lieder, ou jouait avec le violoniste Nathan Milstein dans le cadre de concerts de musique de chambre. Il ne faudrait pas oublier non plus que pendant des années il a créé et joué de nombreuses partitions du xxème siècle et qu’il a déjà enregistré avec succès des disques consacrés à Debussy (Etudes) et Beethoven la version piano seul de la 3e symphonie et, avec la complicité d’Alain Planès, la version pour deux pianos de la 9e. Cette science exceptionnelle, qui lui fait conjuguer répertoires et époques variés, l’autorisait d’autant plus à aborder ces trente-deux Sonates avec cette force qu’on aimerait plus souvent retrouver chez d’autres. D’ailleurs, parmi sa génération, qui oserait ainsi jouer en entier, à quelques mois d’écart et pour la seconde fois en public, la totalité de cette œuvre ?
Ce coffret de dix compacts restitue l’ensemble de ses concerts donnés en juillet et août 1998, aux Flâneries musicales de Reims, tandis que l’amphithéâtre de l’Opéra Bastille l’accueille actuellement jusqu’au 16 décembre pour une seconde intégrale Beethoven. On y devine tout ce qui a nourri l’art de Georges Pludermacher : la légèreté et le sens de la nuance de ses maîtres Lucette Descaves et Jacques Février, l’improvisation et la rigueur de ses partenaires chambristes Michel Portal, Youri Bashmet et Jean-François Heisser, sa manière de concevoir rythme et harmonie, avec en arrière-plan le swing d’un Thelonious Monk et les silences vertigineux d’un Franz Schubert, les dissonances de Béla Bartók (précédées par celles que Beethoven, intuitif phénoménal, avait déjà placées, ici et là, dans ses Sonates), le brasier d’Archie Shepp et Ornette Coleman, les recherches sonores de John Cage ; tout cela, et bien d’autres choses encore, se retrouve dans cette interprétation emportée par l’esprit si inventif de cet interprète qui d’ailleurs pour l’occasion, sur disque comme au concert, joue sur un nouvel instrument, auquel a été ajoutée à sa demande une quatrième pédale « harmonique », pour une plus grande richesse acoustique.
Concerts Beethoven les 1er décembre (Sonates nos 9, 14, 27 et 30), 8 (Sonates nos 12, 7, 24 et 31) et 16 (Sonates nos 5, 20, 8, 25 et 32) à l’amphithéâtre de l’Opéra Bastille à 20 h.
Beethoven, Sonates (intégrale & Variations Diabelli) - Georges Pludermacher, piano (10 CD Transart/Abeille Musique)