Les boucles du Niger : 7 disques incontournables

Le grand fleuve de l’Ouest africain traverse quatre pays et, au long de son voyage, tient en sa volonté l’équilibre, la survie de peuples aux coutumes, aux langues et aux pratiques musicales distinctes.

Guinée

Musique des Malinké (Le Chant du Monde, 1999)

Ces enregistrements de 1952 ont le mérite de restituer au naturel les multiples aspects de la musique des Malinké, ethnie que l’on dit la plus douée pour l’harmonie dans cette partie du continent. Musique de cour avec balafon et choeur de femmes, solo de soron, la harpe à 19 cordes petite soeur de la kora, berceuse qui chuchote « Ne pleure pas fils de lion », chant de louanges et musique pour la chasse. On entre ici dans le vaste domaine de la tradition la plus ancienne de l’Afrique subsaharienne, avec parfois un retour de six siècles en arrière.

Mali

Ali Farka Touré The Source (World Circuit/Night & Day, 1992)

Les deux bienfaiteurs de Niafunké s’appellent Niger et Ali Farka Touré. On doit à l’un les alluvions fertiles, à l’autre ce blues essentiel où la guitare dessine d’élégantes arabesques autour de rythmes marqués par les calebasses. Il existe un style Farka Touré où se ressent physiquement la sécheresse sahélienne. Cet album en conserve l’essence. Ali évoque toujours le même cycle de vie, où assurer son « condiment » demeure une prouesse et un éternel motif de reconnaissance.

Toumani Diabaté Djelika (Ryko, 1999)

Profondément enraciné dans la tradition des griots, Toumani Diabaté n’en rénove pas moins genre et répertoire avec son jeu de kora éblouissant, qui tisse des arpèges d’une troublante, voire d’une androgyne, texture. Pour habiller le monde d’un fil de poésie, ce deuxième album séduit même le temps qui passe et n’en subit donc nulle usure. Son chemin semble de plus en plus le pousser vers des rencontres variées et fructueuses, comme cet album à paraître en août, enregistré avec Taj Mahal, entre blues et musique classique africaine.

Oumou Sangaré Ko sira (World Circuit/Night & Day, 1992)

Elle y chante l’amertume des femmes africaines qui naissent, vivent et meurent avec le poids d’une tradition où le choix n’entre pas. Mais on ne saurait reprocher à cette interprète de tempérament le moindre goût pour le renoncement tant son art est proche d’un combat joyeux, qui rappelle sans cesse celui d’Aretha Franklin lorsqu’elle exigeait… le respect.

Boubacar Traoré Sa golo (Indigo, 1996)

S’il était encore nécessaire d’établir un lien entre musique des bords du Niger et blues des rives du Mississippi, la tristesse harassée de Boubacar Traoré, jadis connu sous le nom de KarKar, le Vince Taylor de Bamako, saurait chasser d’un revers de boubou la moindre audace révisionniste.

Niger

Niger : Haoussa, Songhaï, Zarma (Collection Prophet/Universal, 1999)

Une collection au graphisme et à l’esthétique remarquables. Le volume consacré au Niger met en présence les éléments traditionnels représentatifs des principales ethnies du pays, Haoussa, Songhaï et Zarma qui, entre elles, ont longtemps alimenté les guerres territoriales de la région ; mais aussi échangé thèmes et instrumentation pour narrer l’épopée des grands ancêtres, enveloppée de chants d’unisson, de monocordes tendus sur des peaux de lézard et de tambours parleurs. Envoûtant.

Nigeria

King Sunny Adé Juju music (Mango, 1993)

Avant que Fela ne vienne tout chambouler, au coeur du pays yorouba, la juju music servait à canaliser l’énergie spirituelle et à faire danser lors des fêtes. Sunny Adé, accompagné par une guitare s’inspirant des glissandos hawaiiens, a branché la tradition sur l’électricité. Ce disque est l’un des plus planants que l’Afrique ait pu offrir. On baigne dans une eau sonore qui épouse l’espace avec la douce autorité d’un rêve et fait hésiter à reprendre le cours de la réalité.

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