Les premiers jours en Bourse du réseau social Facebook sont un fiasco. Un peu comme si nos vies avaient été surévaluées.
1. Bisoubourse
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Alors qu’au Québec, les jeunes gens de son âge passent plutôt leurs journées à manifester contre la hausse des frais d’inscription à l’université, Mark Zuckerberg, lui, fêtait, le 18 mai l’entrée en Bourse de son petit site. Une opération à 16,02 milliards de dollars (12,55 milliards d’euros), soit la plus importante pour une valeur internet et la deuxième pour une valeur américaine tous secteurs confondus. Carrément. L’histoire de Facebook colle donc parfaitement à la mythologie du genre, à base de petit génie disgracieux passant ses soirées à coder à défaut de sortir pour pécho, qui finit au sommet du monde avec plus de thunes gagnées en une semaine que nous n’en amasserons tout au long de notre vie (à peu près). D’où la joie et l’euphorie qui se lisent aisément sur la tête de Mark – que l’on pourrait d’ailleurs ici, dans la plus pure tradition des cours de récré, rebaptiser “Gobe les mouches”.
2. IPO glouton
Pourtant, l’entrée en Bourse de Facebook a été qualifiée d’“IPO Fail” ou, en français, d’introduction ratée. Non parce que Mark Zuckerberg s’est pointé face aux investisseurs potentiels en hoodie (scandale pour beaucoup, l’équivalent américain du jean de Cécile Duflot) mais parce que sur les trois premières séances de cotation, le titre Facebook a perdu près de 20%. Pourquoi ? Ceux qui s’y connaissent vraiment parlent d’un “prix éloigné de sa valeur d’introduction”, d’une “entreprise surévaluée” et d’un directeur financier ayant arbitrairement décidé d’augmenter de 25% le nombre de titres émis. Ce que le béotien retiendra, c’est que le 18 mai, l’introduction en Bourse s’est réalisée avec 421 millions d’actions pour 38 dollars chacune. Or, d’après les estimations, le niveau raisonnable aurait plutôt été de 9,59 dollars. Tout ça sent la bulle à plein nez. Remember quand, en 1999, la valorisation boursière d’eBay était 8 600 fois supérieure au montant de ses bénéfices de l’année précédente et que la France était encore championne du monde. C’était le bon temps… avant la grosse débâcle.
3. Le petit oiseau qui n’en finit plus de sortir
Mais revenons à la photo. Que voit-on ? Mark Zuckerberg sur un écran géant de New York. Ecran lui-même pris en photo par des badauds qui regardent leurs petits écrans perso. Pour quoi faire ? Pour, probablement, poster les clichés virtuels sur Facebook quelques secondes plus tard (aujourd’hui, quand vous voyez quelqu’un prendre une photo, plus de mystère ni de poésie, celles-ci se retrouveront probablement sur le site de Mark Zuckerberg ; de quoi, presque, regretter les soirées diapo). Ainsi, aujourd’hui, pour beaucoup d’inscrits sur Facebook (plus de 900 millions en tout), le présent se donne à vivre immédiatement comme souvenir. Les réseaux sociaux, et le site de Mark Zuckerberg en tête, ont révolutionné le rapport à soi et aux autres : il s’agit désormais de mettre en scène sa vie quotidienne via ses statuts ou ses photos. L’occasion de devenir sa propre bulle et de se montrer sous son meilleur jour en adoubant consciemment ou pas les codes de représentation du système dominant. Gare au krach.
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