Depuis quinze ans, le festival Vidéoformes explore tous les genres artistiques dans lesquels la vidéo intervient.
Traverse-vidéo à Toulouse, ImagesPassages à Annecy, Vidéoz’art à Nantes, Tram’vidéo à Lyon… aux quatre coins de l’Hexagone, les initiatives se multiplient, le temps d’une soirée, d’un week-end. Cartes blanches, soirées thématiques, programmations latino-américaine, asiatique… Autant de regards qui viennent rompre avec la vision monocorde et toujours très tendance du BDV (Bureau des vidéos, créé en 95 par le couple Stéphanie Moisdon-Nicolas Tremblay), souvent limitée aux autofilmages en série.
Adeptes plus convaincus de la différence des goûts et des couleurs, ces festivals vidéo marchent de bon coeur sur les traces de leur ancêtre bien portant : Vidéoformes, basé à Clermont-Ferrand et qui explore depuis quinze ans tous les champs artistiques dans lesquels intervient la vidéo. Une prospection discrète et efficace comme un moteur de recherche sur le Web. Artistes connus, moins connus… On se souvient d’avoir croisé Gary Hill avant même qu’il ne soit consacré artiste vidéo sur le continent européen. Dès sa création, en donnant la priorité aux installations, Vidéoformes acquiert une place privilégiée sur la scène internationale, exposant les Robots de Paik, les dispositifs de Campus, les vidéos de Sorin, Lannaud, Lefdup, et trouve sans cesse un juste équilibre entre les nouveautés et la nostalgie des premières expériences vidéo. Aujourd’hui, il en va de même avec Tombe, première installation de Robert Cahen (dont l’ensemble de l’oeuvre est présenté actuellement à Madrid et au MoMA de New York), Cela va sans dire, balade moto-vidéo orchestrée par Roland Baladi, et Tu chantes comme une casserole de Sam.
Reflets des préoccupations du moment, les réalisations affluent du monde entier, artistes consacrés (David Larcher, Nelson Henricks) et jeunes auteurs (Antony Fayada, Natascha Rock). Directeur du festival, Gabriel Soucheyre annonce « un coup de frein sur les vidéos liées au quotidien façon Bartoloméo ou Connanski, au profit d’un renouveau des vidéos-essais ». Avis aux têtes chercheuses, notamment Alain Burosse de Canal+ et Paul Ouazan d’Arte qui, chaque année, fidèles au rendez-vous, assurent la pérennité des trouvailles du festival. Pour célébrer le passage de l’hiver au printemps, les Rencontres s’achèveront au musée des Beaux-Arts par une Nuit de la performance. Musique (Steina Vasulka, Cécile Babiole), théâtre (Vincent Julliard), danse (Global groove de Paik), cinéma expérimental… A Clermont-Ferrand, on sait depuis longtemps que la vidéo trouve sa spécificité quand elle se mêle aux autres disciplines.