Reconstitution théâtrale d’une émission de la RTLM, la radio génocidaire rwandaise.
Mis en liquidation judiciaire, le théâtre Paris-Villette présente son dernier spectacle en ses murs. Et pas n’importe lequel, puisque Hate Radio réunit des acteurs, un metteur en scène et l’International Institute of Political Murder (IIPM), fondé en 2007 pour intensifier les échanges entre les arts et la recherche dans le domaine de la reconstitution d’événements historiques. Au cœur du projet, la responsabilité de la RTLM (Radio-Télévision libre des mille collines) dont les émissions, des mois avant et pendant le génocide de 1994, lançaient des appels explicites au meurtre des Tutsis et des Hutus modérés, entre deux tubes de pop congolaise.
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Devant le cynisme de la RTLM et l’horreur des massacres, Hate Radio met en place un dispositif scénique qui fonctionne comme une double mise à distance. Munis d’un casque qui retransmet paroles et musique, les spectateurs suivent individuellement ce qui se dit sur scène. Et si la reconstitution d’une émission animée par quatre journalistes, trois Rwandais et un Belge, dit le Hutu blanc, se fait derrière les parois vitrées d’un studio d’enregistrement, le spectacle s’ouvre et se clôt sur les récits de victimes, joués par les mêmes acteurs, mais filmés et projetés sur des écrans en avant-scène. Curieusement, ces projections semblent plus présentes, plus proches de nous, que l’audition d’une émission qui distilla la haine 19 ans plus tôt dans l’indifférence et la surdité générale. Par quels canaux passe la prise de conscience ?, interroge Hate Radio aujourd’hui et en direct.
Fabienne Arvers
Hate Radio, une création de Milo Rau et de l’IIPM, du 4 au 15 décembre au Théâtre Paris-Villette 01 40 03 78 23.
Tous les soirs après la représentation, la soirée continue avec une brève conférence suivie d’une discussion avec le public, en présence de personnalités.
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