D’emblée, on imagine une incompatibilité, le faux départ assuré : le nom de l’auteur Valère Novarina accolé à notre comique national Louis de Funès. Novarina, le révolté du théâtre qui dénonce le conservatisme poussiéreux : “Les metteurs en chose, metteurs en ordre, adaptateurs tout-à-la-scène, poseurs de thèses, phraseurs de pose…” Celui qui appelle à vomir […]
D’emblée, on imagine une incompatibilité, le faux départ assuré : le nom de l’auteur Valère Novarina accolé à notre comique national Louis de Funès. Novarina, le révolté du théâtre qui dénonce le conservatisme poussiéreux : « Les metteurs en chose, metteurs en ordre, adaptateurs tout-à-la-scène, poseurs de thèses, phraseurs de pose… » Celui qui appelle à vomir le théâtre par tous les trous révèle avoir eu une de ses plus grandes émotions de spectateur en découvrant Louis de Funès jouant Oscar. Pour Louis de Funès est l’hommage de l’auteur à l’acteur qui sait entrer en scène vide « après avoir énormément pensé avec ses pieds », un poème pour un théâtre utopique.
C’est aussi un texte prodiguant quelques virulents conseils aux artistes. On imagine bien que mettre en scène ce texte qui explique la quasi-impossibilité du théâtre est une vraie gageure. Le metteur en scène Renaud Cojo et l’acteur Dominique Pinon tentent le pari, prennent le texte en bouche, en corps et en scène, et malaxent tout ça dans leur machine théâtre. Dominique Pinon seul en piste va mener un numéro où tout le jeu consiste à dire en ayant l’air de rien, en détournant avec brio tous les numéros obligés du service. De grandes croix tracées au sol marquent le parcours, les projecteurs tombent, la scène est décodée mais pas désacralisée, elle se montre ainsi : lieu de ce drôle de rituel qu’est l’acte théâtral. Renaud Cojo ne s’est pas laissé déborder par la vague déferlante qu’est aussi la langue de Novarina, il a su se souvenir du Louis de Funès de son enfance. C’est donc sous une gigantesque veste de gendarme que Dominique Pinon vide son sac d’acteur pour devenir aussi léger que l’air. Par moments, un air familier nous chatouille les oreilles. Pascal Comelade a composé la musique du spectacle, s’amuse de ritournelles où l’on croit reconnaître L’Aile ou la cuisse, à moins que ce ne soit Rabbi Jacob. Tout dans ce spectacle participe de ce va-et-vient entre la mémoire collective et la langue de Novarina. Quand il ne reste en scène qu’une image télé où s’inscrit le mot « fin », on regarde alors l’acteur autrement, comme un homme, tout simplement.
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Pour Louis de Funès Texte de Valère NovarinaMise en scène de Renaud Cojo
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