Siouxsie et Budgie, The Creatures
Gardez-vous un souvenir précis de votre tout premier disque ?
Siouxsie Sioux Je m’en souviens parfaitement, c’était en 1971. Mes frères et mes soeurs, qui étaient beaucoup plus âgés que moi, avaient une véritable passion pour la Motown et les disques Decca. Moi, j’ai apporté ma pierre à l’édifice en achetant le 45t de Michael Jackson, ABC. Peu de temps après, j’ai agrandi ma collection avec John, I’m only dancing, un single de David Bowie, sorti juste avant Space oddity. Aujourd’hui, il m’arrive encore de faire l’effort d’acheter des disques, mais il faut vraiment que je tombe sur une chanson qui me plaise énormément, comme Addicted to love de Smoke City, l’an dernier. Avec Budgie, nous avons bien aimé le dernier Tricky et l’incontournable nouvel album de PJ Harvey. Par contre, mes goûts hors du rock sont assez limités. J’ai par exemple toujours eu horreur de la country. A l’exception de Johnny Cash un type sympa qui écrit des chansons un peu noires, mélancoliques , je trouve cette musique insupportable, extraordinairement machiste, écrite à la testostérone.
Budgie Moi, mon premier choc a été Ride a white swan, le premier single de T. Rex après Tyrannosaurus Rex, en 70. Je suis allé l’acheter un matin, après l’avoir entendu à la radio la veille
au soir. Marc Bolan était mon idole, je m’habillais comme lui, je me coiffais comme lui ce qui
était très mal vu lorsque tu avais 13 ans et que tu vivais comme moi dans un de ces bleds industriels de la région de Liverpool. La culture n’était vraiment pas très rock en ce temps-là dans les campagnes du Nord-Ouest anglais… Depuis quelques années, je ne suis plus d’aussi près l’actualité musicale. Je préfère regarder dans le rétroviseur et effectuer mes recherches personnelles sur des thèmes ou des époques du rock bien précis. Récemment, en Allemagne, j’ai découvert deux disques passionnants de Moebius & Roedelius, des contemporains de Connie Plank, Kraftwerk, Neu! et Can en marge de la new-age. Je suis un curieux. Il n’y a pas si longtemps, en lisant le magazine américain Research, j’ai découvert le theremin : le tout premier synthétiseur analogique créé par un Russe dont la première instrumentiste officielle a été Clara Rockmore.
Par quel type de cinéma vous sentez-vous attirés ?
Siouxsie La science-fiction et ceux qui flirtent avec l’horreur sont une vraie source d’inspiration pour nous. Les classiques du genre étaient toujours servis par d’excellentes musiques, très inventives, comme celle de Bernard Herrmann pour Psychose. Sur le plan esthétique, la période du noir et blanc est très puissante, très imaginative. John Carpenter m’a également beaucoup marquée avec Halloween ou The Thing et ses effets spéciaux. Cet attrait vient sans doute du fait que je n’ai jamais aimé que les extrêmes, les sensations totales, le noir, le blanc… Evidemment, nous ne regardons pas que ça. Récemment, j’ai revu Le Bon, la brute et le truand et Pour quelques dollars de plus, des monstres de réalisations, totalement inaltérables, avec un des meilleurs acteurs au monde, Clint Eastwood, et cette musique de Morricone, terriblement entêtante.
Budgie Dans The Thing, Kurt Russell a sans doute signé sa meilleure interprétation, il y est le véritable sosie de Jim Morrison… Moi, lorsque j’étais gamin, je suis tombé amoureux de Julie Andrews, après que ma mère m’a emmené voir La Mélodie du bonheur. En ce moment, je traverse une période très espagnole dans mes goûts cinématographiques : j’ai beaucoup aimé Carmen de Carlos Saura et j’ai enchaîné avec les films d’Almodovar.
Quels sont vos écrivains préférés ?
Budgie Je suis fasciné par Mishima en ce moment, ses livres me feront sans doute traverser toute l’année. Je suis très lent lorsque je lis : peut-être n’aurais-je pas dû choisir de lire Mishima en japonais…
Siouxsie Pour moi, c’est Samuel Beckett, sans hésiter. Il est sans doute l’un des écrivains les plus difficiles à adapter au théâtre, certainement parce que ses textes te plongent dans un univers totalement introspectif, t’obligent à une concentration sur toi-même qui ne supporte pas facilement le passage au spectacle. L’an dernier, j’ai dévoré sa biographie avec un énorme appétit de lecture. Dans la foulée, j’ai enchaîné avec celle d’Oscar Wilde, puis celle de Kafka.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Anima animus (Sioux Records/Pias).
{"type":"Banniere-Basse"}