Basé à la Ferme du Buisson, dans l’Est parisien, l’ARCAL se propose depuis 1983 d’aborder l’art lyrique en liant production et création à un intense travail de sensibilisation destiné à toucher de nouveaux publics. Cette entreprise pédagogique ambitieuse qui va bien au-delà d’un vague propos social susceptible de capoter à chaque instant s’accomplit grâce à […]
Basé à la Ferme du Buisson, dans l’Est parisien, l’ARCAL se propose depuis 1983 d’aborder l’art lyrique en liant production et création à un intense travail de sensibilisation destiné à toucher de nouveaux publics. Cette entreprise pédagogique ambitieuse qui va bien au-delà d’un vague propos social susceptible de capoter à chaque instant s’accomplit grâce à un travail d’équipe qui met en avant de jeunes artistes soucieux d’aller au coeur des oeuvres en éliminant lourdeurs et conventions. Le responsable, Christian Gangneron, construit son propos sur la ligne directrice du texte, colonne vertébrale de l’oeuvre lyrique ; il a ainsi exploré les mondes de Cocteau et Milhaud, de Da Ponte et Mozart, des madrigaux de Monteverdi ou des tragédies lyriques du baroque français. Après avoir triomphé l’année dernière dans l’Orfeo, il s’attaque à Castor et Pollux, l’une des oeuvres les plus profondes de Rameau, présentée ici en version de chambre. Du coup, l’aspect décoratif, purement divertissant et allégorique (notamment le prologue avec l’assommant hommage au monarque régnant, ou encore ces danses incessantes sans lien aucun avec l’action), s’évanouit pour laisser s’exprimer le geste chorégraphique et rhétorique. C’est peu de dire que les acteurs engagés dans l’entreprise parviennent à convaincre ; l’harmonie qui se dégage entre l’ensemble instrumental et les chanteurs, maîtres des arcanes de la déclamation, en dit long. A travers la simplicité du jeu scénique, la force dramatique des couleurs et des lumières ressort tout naturellement la problématique de l’amour et de l’amitié ; les deux frères, Castor et Pollux, accéderont à l’immortalité en prenant place dans le Zodiaque. Les mines réjouies d’un public très jeune, peu impressionné par les conventions du genre, accréditent ce sentiment de réussite. Raison de plus pour se précipiter sur ce spectacle.
Jean-Philippe Rameau Castor et Pollux – Version de chambre, mise en scène Christian Gangneron, Ensemble instrumental XVIII-21 Musique des Lumières, dir. Jean-Christophe Frisch
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