Le groove jouisseur et implacable de Dig your own hole emportera les derniers réfractaires à cette techno savante. C’est une petite phrase entendue plusieurs fois au cours des derniers jours : avec Dig your own hole, les Chemical Brothers auraient produit l’album que Daft Punk rêvait d’accomplir. Soit un disque neuf, audacieux, bourré de trouvailles, […]
Le groove jouisseur et implacable de Dig your own hole emportera les derniers réfractaires à cette techno savante.
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C’est une petite phrase entendue plusieurs fois au cours des derniers jours : avec Dig your own hole, les Chemical Brothers auraient produit l’album que Daft Punk rêvait d’accomplir. Soit un disque neuf, audacieux, bourré de trouvailles, un généreux filet garni refusant la facilité roublarde en cours chez le duo parisien mais partageant avec lui quelques nobles idées fixes, dont celle-ci : faire voyager la techno, lui permettre d’échapper à la fournaise des clubs, lui faire visiter le monde par ondes radio interposées. « Creuse ton propre trou » : rarement titre d’un disque à danser en aura dit aussi long sur les intentions de ses géniteurs. On le savait déjà depuis quelques années, Tom Rowlands et Ed Simons, pas plus militants techno bas du front que ratichons rock aigris, ont élevé à l’état d’obsession la poursuite d’un même but insensé : inventer une nouvelle forme d’expression s’appuyant sur des pôles musicaux complémentaires en somme, revisiter l’histoire sans s’en rendre vraiment compte et proposer un résultat ludique pour consommation publique immédiate. Aux novices, on préférera parler ici de « musique mentale » guitare, boîte à rythmes ou sampler, tous les moyens sont bons pour parvenir à chatouiller l’esprit plutôt que de s’empêtrer dans l’éternel jargon des appellations réductrices. Les anglophones, eux, parleront de ce fameux crossover entre musique rock et dance initié par Madchester, puis empoché par la fratrie Chemical/Underworld/Prodigy. A cette idée d’un pont de fortune jeté entre deux univers prétendument incompatibles, on préférera celle d’une route immense et lumineuse, aux voies larges et au bitume engageant. Le chemin qu’empruntent aujourd’hui les Chemical Brothers n’est pas semé d’embûches, jamais sinueux ou difficile : il est au contraire éclairé par les lumières de l’évidence et la grâce d’une inspiration qui ne recule devant aucun tribut. D’un riff de clavier qu’on croirait chapardé chez Beck (Block rockin’ beats) aux déhanchements funky du magnifique Dig your own hole, de la disco bizarroïde de It doesn’t matter au folk humide de Where do I begin’ fragilement chanté par Beth Orton , c’est sans entreprendre la moindre révolution des genres, en évitant scrupuleusement les affrontements que les Chemical Brothers se construisent un monde inédit, mystérieusement harmonieux, homogène. Fans de My Bloody Valentine comme des Propellerheads, Rowlands et Simons, plus portés sur les amalgames que sur les télescopages, n’affichent que rarement l’esprit guerrier de Prodigy. Instinctif, léger et fougueux, Dig your own hole est probablement la plus intelligente invitation en terre techno depuis le Dubnobasswithmyheadman d’Underworld.
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