La tête dans le Guédon. Coloriste surdoué et arrangeur inventif, le peintre-musicien Henri Guédon nous en met plein les yeux et les oreilles. L’homme qui est l’objet d’une double rétrospective - de son vivant ! - vient des Antilles françaises, de la Martinique, pays des alizés et du soleil bleu azur, ce que souffle l’arc-en-ciel […]
La tête dans le Guédon. Coloriste surdoué et arrangeur inventif, le peintre-musicien Henri Guédon nous en met plein les yeux et les oreilles.
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L’homme qui est l’objet d’une double rétrospective - de son vivant ! - vient des Antilles françaises, de la Martinique, pays des alizés et du soleil bleu azur, ce que souffle l’arc-en-ciel musical de ce créateur à l’allure débonnaire. Créateur du mot « zouk » en 1972 avec le disque Cosmo-zouk, importateur de la salsa sous nos latitudes à la fin de la même décennie - Afro-Caraïbes jazz meeting invitait Andy Gonzalez, Mario Riveira, Alfredo De La Fé… -, Guédon marquera les mémoires avec Afro-blue puis Afro-temple, à l’orée des années 80. On y entend le trompettiste cubain Arturo Sandoval, le tromboniste dévergondé Glen Ferris, le saxophoniste boute-en-train Bobby Rangell. Mais s’il a gravé plus de vingt disques sous son nom, ce plasticien a, mu d’une égale curiosité, multiplié les rencontres expérimentales comme cette réunion de deux cents percussionnistes venus du monde entier, ce poème symphonique dédié à Aimé Césaire en Avignon en 1988, ou encore cet hommage à Toussaint Louverture un an plus tard. Pas de doute, même s’il ne lance pas des harangues vindicatives à la manière du Guadeloupéen Guy Konket, le chantre percussionniste n’en oublie pas pour autant ses racines, bigarrées. Comme le suggèrent ses figurations peinturlurées, étranges icônes où se heurtent candeur et douleur, univers foisonnant qui réconcilie novation et tradition. A l’image de la mosaïque de danses que l’on prend plaisir à écouter. Henri Guédon s’inspire des airs du monde entier ce qu’Aimé Césaire résume par « Le poète est poreux à tous les souffles du monde. » Bel-air et gwo kâ bien sûr, biguine et quadrille aussi, emprunts à l’Afrique de l’Ouest, versant Luculi et Yoruba, détours par l’Asie via les cloches tibétaines, de drôles de trouvailles harmoniques, le jazz et la salsa pour leurs parentés naturelles. Tout y est joué tambour battant !
Longtemps méprisée, à coups d’a priori un tantinet naturalistes, la musique martiniquaise s’avère être un creuset naturel traversé de nombreuses influences. Et terre nourricière de plus d’un musicien : Mario Canonge, Dédé Saint-Prix, Alain Jean-Marie, Ralph Thamar… De quoi alimenter un pur big-band ! Dont on aura un avant-goût, le 26 au New Morning, puisque Henri Guédon y retrouve Dédé Saint-Prix pour une soirée qui s’annonce chaudement chaloupée.
Henri Guédon Rétrospective (Frémeaux & Associés)
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