Record de longévité tout à fait sympathique pour ce pionnier du heavy-prog-rock britannique, Uriah Heep, dont voici (si nos comptes sont exacts) le vingt et unième album. Si ça ne sent pas le très frais là-dedans, c’est, rappelons-le aux plus jeunes, parce que tous les membres originels sont soit morts depuis longtemps, soit consignés à […]
Record de longévité tout à fait sympathique pour ce pionnier du heavy-prog-rock britannique, Uriah Heep, dont voici (si nos comptes sont exacts) le vingt et unième album. Si ça ne sent pas le très frais là-dedans, c’est, rappelons-le aux plus jeunes, parce que tous les membres originels sont soit morts depuis longtemps, soit consignés à l’hospice des anciens guitaristes à trois manches. Miracle, pourtant, de la magie héroïco-fantaisiste, ils bougent encore assez pour brandir leurs instruments contre les forces maléfiques du Grand Inquisiteur et s’en remettre aux pouvoirs divins de Solodelamor Ier, souverain du royaume des gros lards à coupe de douille Jefferson Starship. En écho à leur immortel Demons & wizards (1972), Peasants, pigs & astronauts (Les Cochons dans l’espace en VF) retrace, en musique façon rock dur, les aventures d’un cheptel de porcs très intelligents (genre Babe) qui, pour échapper à la chute des cours, s’envolent vers l’Inde à la rencontre de leurs cousins les cochons d’Inde, d’où la présence de moult sitars et autres tablas très couleur locale. De toute façon, tout le monde s’en branle du récit, du moment que ça suinte velu sous le cuir, qu’il y ait du bon solo pur saindoux dans les bagages, que les chansons ressemblent à de gros intestins gonflés par le houblon et prêts à péter sous les coups de boutoir d’un batteur à six bras. Chez Uriah Heep, on ne plaisante pas sur les quantités : on a l’appétit si féroce qu’on peut tout avaler n’importe comment (des plats traditionnels du Pendjab, de la grosse saucisse allemande à base de Scorpions, des vieux restes de garnitures psychédéliques, de la brit-pop en sachet, de la cornemuse liquide, du coulis Deep Purple, des sauces Genesis…), on a l’estomac aussi docile qu’un vide-ordures. Cet album n’est d’ailleurs rien d’autre qu’une énorme poubelle ayant récolté un quart de siècle de déchets en provenance des pires usines pollueuses du rock (on y a même repéré des bouts de baggy), le pot de chambre de cette diarrhée progressive dont le virus semble à nouveau en circulation. Lorsqu’on aura élucidé le mystère qui fait qu’Uriah Heep s’est rebaptisé Kula Shaker, on s’empressera d’aller les faire piquer une bonne fois pour toutes.
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