Des tréfonds désertiques de l’Australie, des compagnons de déroute de Nick Cave sortent un album élégiaque et obsédant. Il en est certains pour qui l’Australie est uniquement synonyme de terre de cons tristes (INXS, Midnight Oil). Il en est d’autres, plus sélectifs, en qui cette contrée d’antipodes éveille plutôt l’idée de terre de contrastes, à […]
Des tréfonds désertiques de l’Australie, des compagnons de déroute de Nick Cave sortent un album élégiaque et obsédant.
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Il en est certains pour qui l’Australie est uniquement synonyme de terre de cons tristes (INXS, Midnight Oil). Il en est d’autres, plus sélectifs, en qui cette contrée d’antipodes éveille plutôt l’idée de terre de contrastes, à l’avantageuse superficie et aux ressources naturelles infinies, s’étendant de la pop la plus délicatement ourlée (Nice, Go-Betweens, Triffids…) au punk le plus corrosif (Saints, Radio Birdman, Birthday Party…). En sus, l’office du tourisme peut se targuer mais le sait-il seulement ? de la présence sur le sol national d’une espèce inconnue (ou presque), étrange créature tripartite, tapie au fond d’une grotte historiée de stalactites et parcourue de chauves-souris, quelque part au milieu de ces territoires désolés battus par les vents persistants du spleen éternel. A intervalles réguliers, une mouche bien intentionnée pique la créature en question et lui inocule le désir de se faire entendre de ces non moins étranges animaux qui s’appellent les hommes : souscrivant aux basses exigences matérialistes de la vie moderne, la créature prend alors le nom de Dirty Three et sort un album celui-ci est le cinquième , recueil de chants muets durablement magnétiques dont le commerce ne sait que faire et le chroniqueur que dire, tant cette musique-là se passe très bien de ses commentaires.
Conscient que la réputation de ce groupe reste encore et toujours à faire, malgré ses collaborations avec Nick Cave ou Palace, on s’essaiera cependant à en transmettre le virus aux non-convaincus, en invoquant l’extrême gracilité de l’interprétation Warren Ellis (violon), Mick Turner (guitare) et Jim White (batterie) ont peut-être le cœur lourd mais sûrement pas la main ou en usant d’images souhaitablement expressives. L’on hasardera ainsi qu’avec Whatever you love, you are, la musique de Dirty Three évoque infailliblement la bande-son d’un western déliquescent, où un justicier spectral course des hors-la-loi introuvables à travers des plaines lépreuses et des villes fantômes que n’habitent plus depuis longtemps que la poussière et les regrets autant dire que l’association Clint Eastwood-Dirty Three nous siérait à merveille. Les néophytes le découvriront : on n’entre pas en possession d’un tel disque, c’est lui qui peu à peu vous possède.
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