Samedi 16 décembre avait lieu la très confidentielle K.A.B.P. (Knowledge. Attitude. Beliefs. Party) à la Boule Noire, sous La Cigale, à Paris. Récit enthousiaste de notre clubber-envoyé spécial.
Le nom est à la fois insupportablement prétentieux, genre séance de vogueing forcené (attitude !) pour talibans du dancefloor (knowledge ! beliefs !) et en même temps aussi insignifiant que les références d’un fongicide. On en parle d’ailleurs généralement à travers un nom beaucoup plus mystérieux et envoûtant, celui du lieu où elle se déroule : la Boule Noire (petite salle située en dessous de la Cigale). Pourtant, K.A.B.P. doit retenir l’attention de tous comme l’une des fêtes les plus mouillantes du moment, ouverte à tout le monde mais signalée nulle part, sans autre publicité qu’un bouche-à-oreille assez sélectif donc réservé à des very happy few : la date en est aussi insaisissable que le nom.
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À l’intérieur, mélange détonant : majorité de pédés, beaucoup de jolies filles et des hétéros qui trouvent ça plutôt cool. On se retrouve là entre amateurs qui partagent le même culte pour une atmosphère, au sens céleste, unique. Pics de transe et abîmes groovy se succèdent dans un continuum parfait de décharges disco. Il ne s’agit pas là de quelque chose de planant mais d’une réelle fusion qui atteint des sommets ; de la house comme une expérience proche de l’odyssée.
Le grand Patrick Vidal est DJ résident : samples fantasmagoriques, rythmique orgasmique, perte progressive de tous repères – à commencer par celui du temps’ On ne danse pas ici pour un soi narcissique ou pour un autre égocentré, qu’on lorgnerait avec envie. Ceci n’est pas une discothèque. Pas de drag-queen, pas de go-go boys, précisent les organisateurs. Merci pour le sous-titre : résolument égaux, on plonge dans la house, on danse ensemble, réunis, et il pourrait y avoir écrit sur le fronton L.E.F. (liberté, égalité fraternité) tant on a touché là quelque chose d’absolu, d’enthousiasmant, de quasi utopique. On comprend alors que K.A.B.P. est tout sauf de l’attitude ; le son y révèle quelque chose d’intact en nous : le plaisir.
Ouvrez grand les yeux et les oreilles pour guetter la date de la prochaine K.A.B.P. un samedi soir dans un mois ou deux, qui ne devrait être divulguée que de manière ultra-confidentielle : de l’espace protégé à la réserve naturelle pour clientèle trop hype il n’y a qu’un pass. Souhaitons que le concept garde toujours son souffle et son énergie, incomparables.
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