Rencontre en catimini, sous une tente des Trans, avec Beans, l’un des trois MC d’Anti-Pop consortium, formation hip-hop dont l’album, The Tragic Epilogue, sorti en 2000, devrait augurer d’un renouveau du genre, entre électroniqueries patraques et rythmes déjantés.
Qu’est ce que ça fait de faire partie d’Anti-Pop Consortium ?
A l’heure actuelle, c’est génial. Ça a mis du temps avant qu’on puisse jouer dans les festivals comme ici ; ça a été une longue lutte comprenant pas mal de sacrifices, pas mal de choses difficiles. Mais, de ce point de vue, ça a été une expérience intéressante, je suis très reconnaissant maintenant, aussi bien pour les événements qui se sont passé, que pour ceux à venir. Désormais les gens sont véritablement réceptifs à notre musique, alors qu’il y a eu des moments, précédemment, où je manquais vraiment de confiance. Je me sens bien mieux maintenant.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Depuis combien du temps fais-tu de la musique ?
J’écris de la musique depuis l’âge de 17 ans, j’en ai presque 30 maintenant. Ça fait donc onze – douze ans.
Que penses-tu de ta musique à l’heure actuelle ?
J’ai l’impression que notre musique, jusqu’à présent, est bonne, mais j’ai juste envie d’évoluer et de continuer à travailler sur les prochains enregistrements. J’ai envie d’aller de l’avant.
Qu’est ce qui t inspire en ce moment ?
Musicalement ?
Ce qui t inspire en général pour écrire.
La vie tout simplement. C’est l’ingrédient de base. Sinon, j’écoute beaucoup de choses ; je viens d’acheter le nouveau Subversive Ways, j’ai acheté l’album de Losoul et celui de Kompact.
J’écoute des choses comme l’album Yeti d’Amon Duul ou Can. Je ne peux pas me passer de Gary Numan et son album The Pleasure Principle. J’écoute toujours Bomp Midnihght Moratus. En fait, j’écoute des choses assez variées. J’essaye de rester très ouvert. J’ai commencé à lire beaucoup de livres de mystères aussi.
Comme quoi ?
J’ai lu les aventures d’un personnage qui s’appelle Hyeronimus, mais que tout le monde appelle Harry Bosch. Les livres de Michael Connelly en général. Je viens de commencer le troisième volet d’un livre de mystères d’un autre écrivain.
Comment en es-tu venu à Amon Duul et Can ?
Je travaillais dans un magasin de disques auparavant. Je pense que ce sont les meilleurs endroits pour effectuer de nouvelles trouvailles musicales. Mais mon attitude générale a toujours été de me dire que pour faire progresser ma musique, il fallait y ajouter de nouvelles choses et être assez ouvert pour écouter des musiques diverses et variées. Et puis, dans Can, il y a ce son endiablé de batterie. Brainticket, Sun Ra J’essaye de préserver une grande ouverture.
Qu’est ce qui t’attire le plus dans un album ? Tu parlais de la batterie
Ca dépend. J’ai adoré l’album des Rythmes Digitales par exemple. Je les ai vus sur scène à New York et c’était vraiment génial.
Peut-être pourrais-tu nous parler de tes rapports avec les autres membres de Ozone ?
Je connais Mike (Ladd) depuis des années parce qu’on s’est rencontré lors du festival Rap meets Poetry qui s’est tenu au Fez, en-dessous du Time Café (à New York). J’ai rencontré Priest, Earl et Saïd la même année. Donc je les connais tous depuis assez longtemps. La première fois que j’ai vu Saul (Williams), après son arrivée à New York, c’était au Nuyorica (café mythique de New York, et haut lieu des mélanges rap et poésie), lorsque Bob Edo organisait ses événements, souvent autour de la poésie. J’ai été cloué dès que je l’ai vu. En plus on a tous le même manager.
Comment est-ce que tu définirais ta musique ?
Expression de soi à travers l’experimentation.
Y a-t-il une relation avec la poésie ?*
Oui. La poésie a ouvert mon écriture parce que quand un rappeur fait du a capella, l’accent est mis sur les mots, et il ne peut se reposer sur rien d’autre. Dans le hip-hop, il y a des MC qui sont médiocres mais qui s’en sortent quand même parce qu’il y a toujours le beat par-dessus. Moi, je focalise surtout sur les paroles.
Il y a un rapport avec ce que certains poètes faisaient avec le free jazz.
Tu sais, ma relation avec la poésie m a aidé à devenir un meilleur parolier. Et ça a d’abord été le format que j’ai utilisé avant que je ne devienne assez à l’aise avec pour y rajouter de la musique.
Est que tu as préparé quelque chose de spécial pour ce soir ?
On va juste faire du mieux qu’on peut.
Est que tu gardes un souvenir particulier d’un concert que tu as fait ?
Un de mes concerts les plus mémorables, c’était à Riverside Church en compagnie d’une chorale de 54 personnes et d’une batterie, et je modulais les chansons en rimes.
Comment envisages-tu l’avenir avec Anti-Pop ?
On va essayer de progresser, d’élaborer des projets, aussi bien des individuels que collectifs. Saïd et Priest travaillent sur une anthologie cinématographique appelée Dogland, où Priest écrit Ghettoblaster et Saïd « Caution Wet Floor ».
On a aussi un nouvel EP qui sort avec des rééditions d’anciennes chansons et quelques nouvelles. Ça s’appelle Diagonal Rhymes Gargantua.
On a aussi une nouvelle sortie qui va être exclusivement japonaise, intitulé Shopping Carts Crashing. Et puis on va travailler sur le prochain album, appelé Distopian Disco Force. Priest a également deux albums solos à paraître, l’un où il y a surtout des rimes et l’autre qui est complètement instrumental, intitulé AntiTombar Sonic for the Youth. Moi-même j’ai mon propre album solo qui s’appelle Tomorrow Right Now, et Saïd travaille sur le sien.
Sur quel label va paraître ton album solo ?
Ca reste à déterminer. Peut-être Warp. En tout cas le prochain Anti-Pop sera sur Warp.
{"type":"Banniere-Basse"}