Yiddish follies. L’Américain Mandy Patinkin ressuscite le répertoire méconnu du théâtre yiddish et revisite quelques classiques. Attention : Mandy Patinkin en fait des tonnes, et c’est pour ça qu’on l’aime. Pour ce Mamaloshen 100 % casher, il est à la fois Frank Sinatra, Barbra Streisand et Julie Andrews… Pourtant, comme il l’avoue, rien ne destinait […]
Yiddish follies. L’Américain Mandy Patinkin ressuscite le répertoire méconnu du théâtre yiddish et revisite quelques classiques.
Attention : Mandy Patinkin en fait des tonnes, et c’est pour ça qu’on l’aime. Pour ce Mamaloshen 100 % casher, il est à la fois Frank Sinatra, Barbra Streisand et Julie Andrews… Pourtant, comme il l’avoue, rien ne destinait ce musicien ordinairement versé dans le jazz new-yorkais à la chanson yiddish. Il ne connaissait pas cette langue de la rue, parlée occasionnellement chez lui par ses parents, et la culture juive lui était presque étrangère. Ecoutant tout d’abord plusieurs chanteurs populaires, dont Moishe Rosenfeld, afin de saisir les prononciations les plus exactes, il se familiarise peu à peu avec de vieux classiques et découvre un immense répertoire, très peu enregistré et presque entièrement tombé dans l’oubli qui faisait pourtant les beaux jours du théâtre yiddish des années 20 à New York. « Des chansons appartenant surtout au répertoire du vaudeville et de l’opérette, et d’autres aussi, inspirées par l’Holocauste. Je ne comprends pas comment tant de compositeurs juifs de talent ont pu délaisser ce patrimoine… Mon intention n’était pas de retracer l’histoire de la musique juive, mais je me suis toujours intéressé à la manière dont les Juifs se sont intégrés à la vie américaine. George Gershwin, Stephen Sondheim, Leonard Bernstein, Oscar Hammerstein, Richard Rodgers, Paul Simon et Irvin Berlin ne se sont jamais penchés sur la musique juive. Néanmoins, je suis convaincu que tous ces compositeurs ont écrit de la musique juive… simplement, les paroles sont en anglais. »
Pour ce saisissant Mamaloshen, Patinkin a réuni plusieurs amis qui se sont attelés souvent à la suite d’âpres et longues discussions pour un mot ou une prononciation à transcrire plusieurs chansons : « Le yiddish n’est pas une langue religieuse, c’est un langage de la rue que plus personne ne parle, et la passion avec laquelle mes amis se battaient pour des questions de prononciation m’a profondément ému. » Le résultat est à la hauteur du projet, d’un lyrisme tourbillonnant. Il suffit d’écouter Maria (de Bernstein et Sondheim), extrait de West Side story, pour s’en convaincre : le yiddish donne aux paroles une tendresse nuancée, absente de l’original anglais. De même, l’American tune de Paul Simon vibre de manière radicalement différente, et s’enracine un peu plus dans un terreau populaire américain. Mais plus encore, ce Mamaloshen célèbre une voix d’une exceptionnelle liberté, celle de Mandy Patinkin, capable de se changer en Mary Poppins et de se gaver de Supercalifragilisticexpialidocious, comme d’émouvoir aux larmes ou de faire rire avec de vieux airs juifs Papirosin, Paper is white, Yome, Yome, Motl the operator.
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