Du vodou haïtien à la tarentelle sarde, dix albums de transe en danse pour un été brûlant.
Chouk Bwa Libète
Se nou ki la !
Au nord-ouest d’Haïti, dans le village de Petite Rivière Bayonnais, le groupe Chouk Bwa Libète s’est réuni pour jeter au vent, sept jours durant, ses rythmes et chants pétris de culture vodou. Enregistré dans une ajoupa (abri de feuillage) Se nou ki la ! recueille ainsi, par bribes, la mémoire de l’oppression tenace, des chaînes brisées, des courses éperdues dans la nuit et plus loin encore, des transes d’Afrique, que les tambours et les danses, toujours, savent convoquer. Exceptionnel à plus d’un titre, ce disque enveloppé de magie en délivre une part en offrande à chacune de ses écoutes. A retrouver en concert, le 7 juillet au Studio de l’Ermitage.
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Damily
Very Aomby
Artiste maquisard très attaché à préserver l’authenticité du tsapiky, musique rurale qui entremêle des airs spécifiquement malgaches à des emprunts au soukouss congolais ainsi qu’à d’autres styles d’Afrique de l’Est, Damily n’était pas retourné dans son île natale depuis des années. Ses retrouvailles avec le “bal poussière” sont jubilatoires : les riffs rugueux et les cycles rythmiques obsessifs de sa guitare alternent avec des parties acoustiques plus intimistes, mélodiquement plus abouties, mais tout aussi déterminées à mener l’auditoire à la transe.
Totó La Momposina y sus Tambores
Tambolero
Comme toute personne vivant en Colombie, Totó La Momposina s’exprime évidemment en espagnol. Mais elle n’a jamais oublié la transe de son île natale de Mompos où s’embrassent les héritages indien et africain. Cette identité multiple, La Candela Viva la reflétait avec tant d’éclat que sa parution, en 1993, fit décoller la carrière internationale de la diva. Effectuée à partir de bandes restaurées, dont certaines inédites, Tambolero est la recréation de cet opus majeur. La percussion demeure prédominante et les flûtes indiennes toujours aussi obsédantes dans ces jaillissements de vitalité joyeusement offerts à l’air et au soleil.
Cuncordu e Tenore de Orosei
Novaera
Avant même sa christianisation, il semble que la vie pastorale était rythmée en Sardaigne par d’étranges chœurs polyphoniques où vibraient des sons gutturaux modelés sur les cris de la brebis, du bœuf et du vent. Cette tradition, le Cuncordu e Tenore d’Orosei la confronte à un autre répertoire sarde moins ancien, le chant sacré. Extraits de messes et louanges limpides à la Vierge ou au bois de la Croix alternent ainsi avec d’étourdissantes évocations rythmées du travail aux champs pour donner vie à ce Novaera d’une beauté saisissante.
The Roots Of Chicha vol. 1 & Juaneco y Su Combo
Masters Of Chicha
Les rives du fleuve Amazone sont si prodigues en extravagances florales, fumées ensorcelantes et moiteurs empoisonnées qu’elles ne pouvaient que voir éclore un psychédélisme local. Dans les années 60 naquit ainsi la cumbia péruvienne plus tard appelée chicha, musique tamisée de mystère et d’indianité dans laquelle les guitares et orgues électriques du garage américain se frottaient aux percussions et aux chants de l’immensité vierge. Avec la publication par Barbès Records de The Roots of Chicha vol. 1, une compilation des premiers groupes de cumbia, et de Masters of Chicha, sélection des titres les plus mémorables de Juaneco y su Combo, formation emblématique de ce mouvement, l’occasion nous est enfin donnée de goûter à cette musique réputée hallucinogène
https://www.youtube.com/watch?v=tZKPy4carhM
Henri Tournier
Souffles du monde
Flûtiste avide d’embrasser tous les territoires accessibles à son instrument, depuis la musique de chambre et l’accompagnement de la danse jusqu’à la tradition classique d’Inde du Nord, qu’il a étudiée auprès de Hariprasad Chaurasia, Henri Tournier accueille dans Souffles du monde des musiciens brillants venus de tous les horizons. Merveilleusement habile à accompagner leurs mélismes, il suit ici Dorsaf Hamdani, Alireza Ghorbani, Etsuko Echida ou Pronab Biswas tout au long d’un chemin allant du recueillement à l’extase, de l’infime frémissement à l’abandon fantaisiste. A paraître en septembre, ce disque illuminera la fin de l’été.
https://soundcloud.com/user374228739/henri-tournier-karaburan-feat-epi
Kalàscima
Psychedelic Trance Tarantella
La transe des Pouilles, cette tarentelle jouée et dansée à en perdre haleine dans le but d’évacuer symboliquement le venin de la tarentule mythique, ne cesse plus d’inspirer à ses adeptes de nouvelles combinaisons sonores. Originaire du Salento, le groupe Kalàscima la passe pour sa part à travers toute sorte de programmes pour filtrer ses voix, séquencer ses tambourinages et les soumettre à de longues distorsions électroniques. L’éclatement kaléidoscopique qui en résulte permet à Psychedelic Trance Tarantella de trouver un juste équilibre entre tradition et innovation.
Lalala Napoli
Amore sole libertà
A la croisée des Balkans et de l’Italie du Sud, l’accordéoniste François Castiello embarque sa troupe dans un tourbillon punk secoué de rires de clarinette, de stridences de violon, de sifflets de flûte, de détonations de pétards et de chœurs jetés à la lune. La tarentelle, pour Lalala Napoli, c’est d’abord de l’énergie brute, un trépignement païen de vie bouffonne, gaie jusque dans la tragédie. On goûte aux transes d’Amore sole libertà à pleines dents, avec le sourire épanoui d’un Falstaff régalé.
Aka Balkan Moon. AlefBa
Double Live
S’il est une musique profane liée à la transe, c’est bien le jazz, dont la mouvance free peut être perçue comme l’effort le plus intense, le plus pur, pour atteindre un état de conscience autre. Cette altérité, le trio Aka Moon la recherche notamment dans le chant bulgare (avec le projet Aka Balkan Moon) et la musique moyen-orientale (dans AlefBa). De ces expériences conjointes, le Double Live tire une musique complexe, en perpétuelle invention d’elle-même, toute de tensions maintenues et de brèves libérations de frénésie.
Vincent Moon
Canciones del Perú
De Vincent Moon, réalisateur qui arpente le monde infiniment pour filmer l’homme à sa hauteur et enregistrer ses chants dans leur milieu naturel, on connaît le travail de grande qualité, souvent inestimable. Après les Chansons de Russie, la collection “Field Recording” du label Le Saule devrait s’enrichir en septembre, à l’issue d’une campagne de crowdfunding, d’un nouveau recueil de chansons collectées cette fois au Pérou, notamment parmi les Shipibo d’Amazonie. Capté lors de rites de guérison chamaniques, le chant traduit ici une communication directe avec les esprits, une possession invisible par une transcendance irrémédiablement étrangère et fascinante.
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