Après un album fabuleux, les dandys écossais de Franz Ferdinand et les vétérans américains Sparks prolongent leur collaboration sur scène tout l’été. Récit de leur concert parisien bouillonnant.
Dimanche dernier, lors d’une soirée pour la Fête de la musique à la Maison de la radio, FFS nous ont déjà dévoilé l’ampleur de leur génie dans une prestation fulgurante (huit morceaux), qui a confirmé la pertinence de leur alliance. On les retrouve au Bataclan pour un concert complet depuis un bon moment – les malchanceux se consolent avec la retransmission en direct sur le site d’Arte.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
FFS, c’est l’alliance des quatre membres de Franz Ferdinand avec les Sparks, soit les deux frères Maël. Ces initiales ont une nouvelle signification dès que les six membres du gang entrent en scène pour interpréter leur premier single, Johnny Delusional : FFS veut aussi dire Fusionnel et Fantastique Supergroupe. Ils enchaînent avec The Man Without A Tan et Save Me From Myself, deux énièmes pépites de leur album commun. La chaleur, déjà tropicale avant qu’ils aient joué la moindre note, s’aggrave au fil des minutes et l’expression « fondre pour la musique d’un groupe » prend tout son sens.
L’impressionnant Alex Kapranos, jusque là libre de gigoter en toute élégance aux côtés de Russell Mael, s’arme d’une guitare. Ron Mael martèle son clavier Roland, dont le logo détourné forme le prénom Ronald. Do You Want To, l’un des points culminants du deuxième album de Franz Ferdinand, met immédiatement la fosse sur ressorts. Comme prévu, FFS revisitent quelques chansons de leurs répertoires respectifs, qu’ils considèrent comme des « reprises » : Michael, extrait du premier Franz Ferdinand, dans une version disco-electro sautillante, la bombe atomique Take Me Out (avec Ron au synthé façon clavecin), ou une poignée de tubes des Sparks en version plus électrique : The Number One Song In Heaven (où Ron sort de son impassibilité légendaire pour une danse indescriptible), When Do I Get To Sing « My Way » et l’incroyable This Town Ain’t Big Enough For Both Of Us (où Russell atteint des sommets d’excentricité vocale).
A l’image des musiciens, le public est multi-générationnel mais uni dans la même extase, même si à chaque nouvel applaudissement les paumes des mains collent de plus en plus. Saluons ici le gel fixant de Nick McCarthy, dont la banane rockabilly reste intacte même quand il se jette dans le public, en continuant à jouer et à chanter Police Encounters. Avec ses airs de Kyle MacLachlan dans Twin Peaks, le guitariste a gagné en charisme et porte à lui seul la ballade Things I Won’t Get.
Après l’explosif Piss Off, le groupe revient pour un rappel de trois titres. Accomplissant l’exploit de dégager une classe inouïe tout en étant coiffé comme Nicola Sirkis, Russell introduit en français Collaborations Don’t Work, en guise de conclusion impossible à surpasser. Ce morceau-fleuve au titre merveilleusement mensonger prouve qu’ils sont tous sur la même longueur d’ondes (de choc) : des noces d’or à ne pas manquer.
Un concert à revoir dans son intégralité ici.
Noémie Lecoq
{"type":"Banniere-Basse"}