Ce “magazine de garçons” déconstruit les images de la virilité pour en révéler toutes les faiblesses et les ambiguïtés.
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Un torse nu, de la poudre protéinée, des haltères. Tout l’attirail d’un mec 100% testostérone. Ou presque. Si cette photo vous semble dérangeante, tant mieux, c’est fait pour. Faux musclé mais vrai ado, le mannequin dévoile par ces glissements troublants la pression normative masculine ressentie à l’adolescence.
C’est précisément le cheval de bataille de la publication dont est extrait ce cliché. Congrats! est un “magazine de garçons” indépendant dont l’esthétique cite librement les magazines populaires et les débuts de la culture numérique. Page après page, il déborde de clins d’œil à la presse féminine (tests, conseils fitness, romans-photos) et dépeint ainsi la masculinité de façon queer au premier sens du terme : c’est-à-dire riche de toutes ses différences et multiplicités.
Le passage ambigu de l’adolescence à l’âge adulte
“Dans la culture masculine normée, l’homme n’est jamais mis en question car le sexe fort est déjà en position de pouvoir, ça serait donc s’abaisser que de l’interroger”, analysent les cinq fondateurs du magazine qui peinaient à trouver un magazine masculin leur ressemblant.
Avec comme cible le mâle de 18 à 25 ans, le magazine explore le passage ambigu et souvent douloureux de l’adolescence à l’âge adulte. Aujourd’hui encore, ce sujet demeure quasi tabou. Si les études de genre prennent de l’ampleur dans les années 90 à la suite de la publication du livre révolutionnaire Trouble dans le genre de Judith Butler, elles tournent majoritairement autour de la condition féminine. Quoi de plus normal que de vouloir remettre le sexe dit faible au centre de l’action après des siècles d’oppression ?
S’adresser à tout garçon se posant des questions
Néanmoins, une réalité demeure chez le garçon comme chez la fille : se conformer à un genre préécrit, au scénario normé est toujours aussi difficile. Dans ce troisième numéro, des profils moins communs sont mis en lumière – telle l’histoire d’Arin Andrews, adolescent transgenre de l’Oklahoma – qui permettent de pousser loin des conventions ces questionnements identitaires.
Baignant dans un héritage de fanzine gay et queer type Butt Magazine ou encore la revue Monstre, Congrats! cherche cependant à s’adresser à tout garçon se posant des questions, peu importe sa sexualité : “On peut être un mec de 20 ans, avec un corps qui ne colle pas forcément à la représentation véhiculée par la pub ou les séries US, et être normal. A 20 ans, on peut être cet archétype musclé, viril et puissant, oui. Mais on peut aussi bien être un peu chubby, frêle et imberbe, sans que l’on nous catalogue comme forcément gay ou asexué”, analysent les rédacteurs. Boys do cry.
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