Après une deuxième saison dramatique très intense, la série de Netflix revient pour un nouveau volet beaucoup plus aérien devant lequel on rit du début à la fin.
On les avait quittées minées, abattues, défigurées. Un an plus tard, les détenues de Litchfield, le pénitencier d’Orange is the New Black, sont de retour sur Netflix. Comme à son habitude, la plateforme américaine a mis en ligne tous les treize épisodes de la saison 3, cette fois-ci le vendredi 12 juin au matin, comme pour s’assurer que la baisse de productivité des fans soit totale avant un week-end de binge-watching presque incontournable.
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Difficile en effet de résister à l’appel des épisodes faciles d’accès, prêts à être visionnés les uns après les autres en à peine quelques clics. On cède avec plaisir à la pression du cliffhanger qui oblige le téléspectateur à se ruer sur l’épisode suivant, sans trop y réfléchir, et s’imprégner de plusieurs heures de fiction à la suite, surtout quand elle est bonne.
Une vingtaine de personnages récurrents
La saison 3 d’Orange is the new black tombe dans cette catégorie. Les épisodes se succèdent avec fluidité, les scènes semblent parfaitement calibrées pour donner assez de temps à l’écran à chaque personnage. Car maintenant que le programme est officiellement une série chorale et que Piper Chapman, ex-personnage principal, n’en est plus qu’un maillon, sa créatrice Jenji Kohan doit composer avec un casting agrandi (on compte à présent une vingtaine de détenues qui ont eu droit à des flashbacks depuis le début de la série).
Orange is the new black parvient ainsi à passer d’un groupe à un autre, avec ou sans transition, sans que cela ne semble artificiel ou grossier. Les flashbacks sont toujours efficaces. On y découvre le passé jusque là inconnu de certaines détenues (l’adolescence de Boo, méprisée par sa mère à cause de son style butch) mais aussi l’enfance de celles que l’on connaissait déjà (Nicky et sa mère riche et détachée ou la bouleversante Pennsatucky à qui sa mère a appris qu’il fallait toujours laisser « les garçons faire » s’ils voulaient coucher avec elle et que « ça passerait vite« ).
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Une saison comique
Pourtant un infime grain de sable s’est glissé dans les rouages de ce que l’on peut appeler sans sourciller une des séries plus hype du moment. La multiplication des intrigues, qui n’avait pas alourdi la saison 2, semble avoir eu raison de ce nouveau volet, empêchant la construction d’une histoire globale qui réunirait tous les personnages et ferait office de fil rouge. La saison 3 et son trafic de petites « culottes à sniffer » pâlit devant la puissance des luttes raciales de l’année précédente.
On en vient à regretter la mort de Vee, véritable tyran qui avait instauré un climat de violence et de danger permanent au sein du pénitencier. Cette tension semble être retombée comme soufflet, pour le bonheur des détenues mais à la grande surprise du téléspectateur. Par conséquent, on rit devant cette saison 3. On rit beaucoup. Quand Crazy Eyes devient la J.K. Rowling de Litchfield version porno et que toutes les prisonnière s’arrachent chaque nouveau chapitre de son roman. Quand Red passe son temps à s’excuser à cause des nouveaux plats tout préparés que la direction impose désormais dans sa cuisine. Quand Poussey et Taystee s’échangent des bons mots ou que Piper enchaîne les répliques savoureuses avec un flegme déconcertant. Les répliques n’ont jamais été aussi rapides et la répartition entre argot et langage soutenu aussi bien équilibrée.
La décision des Emmy Awards de refuser de classer Orange is the new black dans la catégorie « comédie » n’aurait pas pu plus mal tomber. Elle est la preuve que les cérémonies qui récompensent les séries (Emmys, Golden Globes) ne sont plus dans le coup, et que leurs classifications ont, à mesure que les années passent, de moins en moins de sens.
Des éléments perturbateurs sous-exploités
À force de rire, on en oublie presque que Jenji Kohan a un don pour raconter les histoires douloureuses, pour raconter aussi bien les amours déçus que les luttes de classe. Alors quand, dans un épisode largement nourri par l’humour, elle enchaîne deux scènes de viol à la suite (Pennsatucky, dans un flashback puis dans le présent), on ne suit plus. Pour une (rare) fois, la transition entre comédie et drame ne fonctionne pas et laisse pantois, un peu comme si on en voulait aux scénaristes de ne pas avoir mieux préparé le terrain.
Généralement, une nouvelle saison prend forme grâce à l’arrivée d’un élément perturbateur qui vient remettre en cause l’ordre établi. Vee avait joué ce rôle à la perfection. Dans cette saison 3, l’élément perturbateur (la prison est rachetée par une entreprise privée qui souhaite réduire drastiquement les coûts de fonctionnement) n’est pas assez exploité pour produire de réels effets sur les personnages. Même constat pour la nouvelle détenue « perturbatrice », Stella (l’hypnotique Ruby Rose), censée bouleverser le couple Alex/Piper mais restant globalement en retrait pendant la deuxième moitié de la saison.
La série est en fait capable de fonctionner en vase clos, tellement ses personnages ont été brillamment construits dès le départ. Si cela a de quoi satisfaire les aficionados, dont nous faisons partie, rien n’empêche d’espérer qu’il y ait, la saison prochaine, des enjeux dramatiques un peu plus épais.
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