Plusieurs organisations politiques et syndicales appellent à un rassemblement devant le siège parisien de la DGSI ce 21 juin entre 12h et 18h, contre la Loi Renseignement. Alors que le texte de loi est entre les mains de la commission mixte paritaire, c’est la dernière ligne droite pour ses opposants.
De nombreuses organisations politiques et syndicales sont vent debout contre la loi Renseignement, qui instaure selon eux une surveillance généralisée, sous prétexte de lutte contre le terrorisme. L’urgence est à son comble pour les opposants à ce texte, alors que le Sénat l’a validé. La semaine prochaine, la commission mixte paritaire doit négocier sa version finale. C’est pourquoi ces organisations lancent un appel à manifester devant le siège de la Direction générale de la sécurité Intérieure (DGSI), à Levallois-Perret, ce dimanche 21 juin à 12 h, sous le mot d’ordre « #OccupyDGSI ».
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« Le terrorisme sert de prétexte »
Les signataires de l’appel – Ligue des droits de l’homme, Confédération paysanne, Solidaires, Fédération anarchiste, Syndicat de la magistrature, Parti de gauche, Alternative libertaire, Syndicat national des journalistes et Syndicat des avocats de France – expliquent que la loi Renseignement a tout du Patriot Act américain, et que ses conséquences seraient liberticides:
« Le but de la surveillance de masse n’est pas de déjouer des ‘attentats terroristes’, mais la surveillance de masse elle-même ; le ‘terrorisme’ sert de prétexte à une tout autre politique. »
Ils en veulent pour preuve les dérives auxquelles le Patriot Act a conduit aux Etats-Unis avec le scandale du vaste programme d’espionnage mené par la NSA. Une citation d’Edward Snowden, le lanceur d’alerte qui a révélé ce programme, surmonte d’ailleurs le site internet de l’appel :
“Pourtant, les rapports de force commencent à changer. Nous assistons à l’émergence d’une génération post-terreur, qui rejette une vision du monde définie par une tragédie particulière.”
Un « chèque en blanc » remis à la « souveraineté policière »
Pour les signataires de l’appel, la loi Renseignement, censée encadrer des pratiques policières parfois illégales en matière de lutte contre le terrorisme, serait un symbole de démission face à la « souveraineté policière ». Ils sont confortés dans cette idée par un contexte marqué notamment par les menaces sur la liberté de manifester émises fin mai dans le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur le maintien de l’ordre.
Plusieurs médias – dont Mediapart – relaient cet appel, de même que les éditions La Fabrique, dirigées par Eric Hazan. Dans un mail envoyé aux abonnés à sa newsletter, La Fabrique écrit :
« L’offensive politique-policière menée depuis les attentats de janvier se déroule sur plusieurs fronts, qui vont du vote de la loi sur le renseignement à l’expulsion des migrants en passant par la destruction finale du droit du travail. Elle a aussi des effets – pas si collatéraux que ça – sur nos positions éditoriales et nos auteurs. Quand le RAID déboule au petit matin chez un militant marseillais du BDS, défonce la porte, le jette à terre et le menotte, la Fabrique – la première à avoir édité un livre sur le boycott – ne peut pas faire comme si elle n’avait rien entendu. Quand un de nos auteurs se fait passer à tabac dans un commissariat toulousain après avoir écrit un livre sur la police, la Fabrique ne peut pas penser à un malencontreux hasard. Il importe de mettre un coup d’arrêt à cette mauvaise série.”
La maison d’édition fait référence à deux de ses auteurs, Omar Barghouti et Mathieu Rigouste, respectivement auteurs de Boycott, Désinvestissement, Sanctions et La Domination policière. Ce dernier avait fait le récit de son passage à tabac ici.
Comment la DGSI réagira-t-elle face à cette « assemblée populaire » qui se réunira devant son siège ? Sans doute pas passivement. Thierry Lorho, ancien agent de la DGSE, avait publié sur Twitter ce message ensuite effacé : « Je ne suis pas certains que la DGSI accueil favorablement votre venu devant leurs locaux ».
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