Trois adolescents sont morts samedi 13 juin à Bas-en-Basset, en Haute-Loire, pour avoir voulu pimenter une partie d’airsoft en fabriquant des fumigènes. Des sites internet proposent des recettes maisons pour confectionner soi-même ces artifices. Une pratique très dangereuse que déplore la justice, soutenue par la Fédération Française d’Airsoft.
« Un jeu imbécile et conseillé par des gens irresponsables. » C’est ainsi que le vice-procureur du Puy-en-Velay, Yves Dubuy a qualifié l’airsoft. C’est cette activité que pratiquaient quatre adolescents ce samedi en Haute-Loire. Trois sont morts, le quatrième est grièvement blessé.
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Ces jeunes, âgés de 14 à 16 ans, avaient confectionné des fumigènes artisanaux qu’ils comptaient utiliser dans leur pratique de l’airsoft, un jeu de simulation de guerre en plein air. Des traces « importantes d’acétone et d’acide chlorhydrique » ont en effet été relevées dans les débris de la maison abandonnée où les corps ont été retrouvés, selon le vice-procureur de la République au Puy-en-Velay Yves Dubuy. Ces deux composants chimiques servent notamment à fabriquer des fumigènes. C’est ce mélange très instable qui a causé l’explosion.
Rapidement, la Fédération Française d’Airsoft (FFA) a tenu a rappelé, dans un communiqué, « qu’il est impératif d’avoir une attitude responsable dans tous les domaines pouvant se rapporter à l’airsoft ».
Elle recommande : « Si vous utilisez des engins pyrotechniques, utilisez exclusivement des dispositifs légaux, acquis auprès de professionnels et répondant aux normes en vigueur (NF/CE) et surtout respectez scrupuleusement les préconisations d’utilisation du fabriquant. » Puis conclue en dénonçant les « inconscients qui mettent en ligne de tels contenus incitant à enfreindre les lois au mépris de la santé et de la vie des personnes. »
Pour Arnaud Galizzi, vice-président de la Fédération Française d’Airsoft (FFA), « le lien entre l’accident et l’airsoft a été fait un peu vite ». Certes, des répliques d’armes ont été retrouvées sur les lieux, mais « ce sont bien les personnes qui donnent des conseils en ligne pour fabriquer des fumigènes qui sont dans la ligne de mire de la justice » explique le vice-président. « Et, à juste titre », ajoute-t-il.
Ainsi, le vice-procureur Yves Dubuy a en effet déploré que certains sites internet encouragent les adeptes de l’airsoft à jouer les apprentis chimistes pour agrémenter leurs simulations de combats.
L’Airsoft, qu’est-ce que c’est ?
L’airsoft ressemble un peu au paintball. Des joueurs équipés de répliques d’armes s’affrontent sur un terrain en simulant des scénarios inspirés d’opérations militaires. Ici, par contre, on ne tire pas des billes de peinture mais des billes en plastique. Certains joueurs aiment bien s’habiller avec des vêtements militaires pour renforcer l’impression de réalité.
Contrairement au paintball, aucune tâche de couleur ne signale qu’un joueur a été touché. « Le jeu repose sur le fair play, la personne doit dire quand elle a été touchée », insiste Arnaud Galizzi.
Aucune législation n’encadre réellement la pratique. Seule réglementation : les répliques d’armes doivent avoir une énergie à la sortie du canon inférieure à 2 joules (décret n°95-589 relatif à l’application du décret fixant le régime des matériels de guerre, armes et munitions). Pour les mineurs, la puissance doit être de 0,08 joules.
La FFA propose un rappel légal sur son site et indique que le jeu se pratique sur des terrains privés avec l’autorisation du propriétaire. « Pour des raisons évidentes de sécurité le jeu ne peut pas se pratiquer sur la voie publique », indique Arnaud Galizzi.
Seule règle de sécurité qui s’impose à tous les pratiquants : le port de lunettes de protection. Autrement, chaque club a le droit d’imposer les règles qu’il veut. « Beaucoup de clubs imposent le port d’un masque aussi », ajoute Arnaud Galizzi vice-président de la FFA.
En quoi la mort des trois adolescents est-elle reliée à l’Airsoft ?
Tenues de camouflage, couteaux en mousse, bombes factices, fumigènes… Les joueurs d’airsoft aiment bien utiliser des accessoires. « Cela permet de créer une ambiance proche du réel et de perturber les adversaires », raconte le vice-président de la FFA. « Certaines personnes, à des fins économiques, réalisent eux-mêmes des artifices. Ce qui n’est absolument pas accepté dans la communauté. Ils ne comprennent pas que nous interdisons ces bricolages « maisons » dans le seul but de les protéger ».
Pour l’heure, aucune information ne démontre que les quatre jeunes étaient des joueurs actifs et que ce fumigène avait pour but d’être utilisé lors d’une partie. Ni même si les répliques d’armes qu’ils possédaient étaient bien destinées aux mineurs.
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