Neuf ans après l’immense succès public de « L’Elégance du hérisson », Muriel Barbery revient avec un conte rustique et passéiste.
Le sujet
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Après le Paris typique de L’Elégance du hérisson, Muriel Barbery a choisi de raconter un conte, et de nous entraîner sur une pente bucolique. Avec pour décor la campagne de nos grands-mères, on suit l’évolution de deux petites filles énigmatiques, Maria l’Espagnole et Clara l’Italienne, qui semblent avoir des pouvoirs magiques et une tonne de secrets. Dès les premières pages, Maria voit apparaître, dans la forêt, un animal qui tient du cheval blanc et du sanglier. Plus tard, les deux gamines, affirmant un talent prodige pour le piano, se retrouveront chez le Maestro, chargé de développer leurs dons mais aussi de les protéger. Plus tard encore, leur secret sera dévoilé : et si elles étaient des elfes ? Ou des filles d’elfes ? Ou des hybrides d’elfes ?
Le souci…
…C’est qu’on n’a pas tout compris. A force d’étirer son texte avec une lenteur à la limite du supportable, de le parsemer d’indices tellement cryptés qu’ils nous laissent indifférents, d’osciller entre l’onirisme et le réel, Muriel Barbery nous perd en cours de route. Ces scènes merveilleuses sont décevantes, déjà lues dans les contes, et ne mènent jamais à grand-chose. Quant à son ambiance bucolique, elle frise tellement le cliché rustique qu’il vous faudra du Prozac pour la supporter. Mais le véritable problème, c’est l’écriture, bourrée de tournures à la poésie campagnarde désuète, et sombrant trop souvent dans une pléthore de détails superflus : “Le dîner, composé d’une pintade truffée encadrée d’une terrine de foie et d’un pot-au-feu en ravigote (le tout agrémenté de cardons si bien caramélisés que le jus en coulait encore dans les gorges en dépit du vin de côte), fut un éblouissant triomphe. Quand il finit par s’échouer sur une tarte à la crème qu’on avait servie avec les pâtes de coing d’Eugénie (…)”. On s’en fout, non ?
Le symptôme
Celui du livre d’après. Qu’écrire après le succès de L’Elégance du hérisson ? C’est le genre de réflexions dans lesquelles a dû se perdre Muriel Barbery, consciente que son nouveau roman serait attendu au tournant, ayant dès lors la fausse bonne idée d’effectuer un changement radical. Elle échange donc la ville contre la campagne, le réalisme contre le merveilleux, la vieille concierge aigrie et solitaire avec des petites filles magiques et entourées, la philosophie (elle fut prof de philo) distillée en filigrane du Hérisson avec la poésie obsolète des Elfes. Autre symptôme : l’apologie d’une campagne où il fait bon vivre, entre forêts enchantées, confitures home made, jardins de curé et repas au coin du feu, dernier refuge un brin réac pour les déçus du monde contemporain. Le poncif d’une vie “authentique”, dont la très critique concierge du Hérisson se serait moquée.
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