That’s all folk. Ce double album a tout pour lui : son faciès jovial de cartoon, le côté pratique qui l’a conduit à se fourrer tout l’été dans un coin de la besace du journaliste itinérant pour devenir le compagnon privilégié de ses randonnées et de ses haltes impromptues, la concision exhaustive de ses commentaires […]
That’s all folk. Ce double album a tout pour lui : son faciès jovial de cartoon, le côté pratique qui l’a conduit à se fourrer tout l’été dans un coin de la besace du journaliste itinérant pour devenir le compagnon privilégié de ses randonnées et de ses haltes impromptues, la concision exhaustive de ses commentaires et, bien sûr, ses trésors sonores. En un mot, tout ce qui définit l’anthologie quand elle n’est pas le fourre-tout et le déversoir des fonds de tiroirs des maisons de disques, aussi valeureux fussent-ils. Ceux qui n’ont pas encore pu se désaltérer de ces cervoises rugueuses mais authentiques peuvent se rassurer : ils réécouteront avec une soif renouvelée René Zosso chanter avec détachement les vers de Paul Fort, Le Ciel est gai sur la mer, sur des tenues de vielle à roue l’exemple même de la simplicité qui nous atteint en plein coeur. Il faut aussi écouter les sonorités que Jean-François Dutertre tire de son épinette des Vosges pour comprendre que sa pièce est aussi pure et accessible qu’un prélude de Bach. Le clin d’oeil de Steve Waring, cette Chose en ré qui est au folk ce que le Bidule en ut est à la musique concrète, n’a pas plus de prétention. C’est quand même sacrément bien écrit. Waring n’a jamais vraiment disparu de nos mémoires musicales. Avec d’autres animateurs éclairés des années 70, il est l’éminence grise de cette compilation qui navigue entre les potentialités inouïes de la guimbarde ou des cuillers et les sonorités immatérielles de la cithare vietnamienne. Dans les accents de l’accordéon diatonique de Marc Perrone, il y a, enfouis, les souvenirs fugaces ramassés étant gosse lors d’une traversée campagnarde. On se rappelle alors les bons mots de grand-papa sur les mérites de la polka lapin. De là on dérape sur Vas-y Mimile, arrangé par ce farceur devant l’Eternel qu’est Bernard Lubat. On a gardé le meilleur pour la fin : le duo inouï des soeurs Gouadec, protégées d’Alan Stivell. Dans un tuilage sonore qui les rend aussi indissociables qu’un couple d’inséparables, elles scandent obstinément, raides comme leur coiffe, avec l’aplomb de celles à qui l’on n’a plus rien à apprendre, des formules venues des tréfonds de la Bretagne. La cerise d’un gâteau que l’on peut consommer jusqu’à l’indigestion.
Anthologie de la musique folk (Chant Du Monde/ Harmonia Mundi)
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