« La Métamorphose », l’opéra de Michaël Levinas créé en 2011 d’après Kafka, est au programme du festival Manifeste de l’Ircam et revient… métamorphosée.
Après l’avoir créé en 2011 à l’Opéra de Lille dans une mise en scène de Stanislas Nordey, Michaël Levinas remet sur le métier son opéra La Métamorphose. En peinture, on parlerait d’un repentir de l’œuvre ; au théâtre, on pointera la mise en abyme du thème de la nouvelle de Kafka et la transformation d’un livret auquel vient s’ajouter un prologue, “Je, tu, il” de Valère Novarina, qui développe l’idée d’une métamorphose à rebours en se basant sur les travaux de Darwin : on ne vient pas de l’animal, mais on y va.
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Autres métamorphoses : Michaël Levinas confie la direction musicale au Balcon, un orchestre à géométrie variable qui fait appel aux techniques de sonorisation, et au metteur en scène colombien Nieto, également artiste plasticien et réalisateur, qui collabore régulièrement avec Le Balcon.
Le langage lui-même se métamorphose
Pendant les répétitions avec les chanteurs dans les profondeurs de l’Ircam, c’est le langage lui-même qui se métamorphose dans un registre musical qui sonne comme une langue étrangère. Travaillant un duo entre Gregor Samsa (Rodrigo Ferreira) et sa sœur (Elise Chauvin), Levinas indique à l’actrice : “J’aimerais que tu soutiennes le chant polyphoniquement par le do dièse. Il faut que les voyelles soient claires parce que le mouvement tournant de la sœur les mécanise. Et si je peux avoir un léger crescendo dans le glissé, comme un effet Doppler, en y introduisant une coupure, ça donnera plus de force au dialogue entre le frère et la sœur. Ce duo est encore en train de se composer, mais bon, déjà, les notes sont exactes…”
Traduite visuellement par le metteur en scène Nieto, la métamorphose de Gregor Samsa nous plonge dans la vision d’un insecte qui sort de sa chrysalide. Des masques aux costumes de tous les personnages, sa mise en scène est aux antipodes du naturalisme et privilégie “l’hyperréalisme, cette réalité qu’on ne touche que dans les rêves. On voit à travers le regard que porte Gregor sur sa famille, totalement déstructurée et déstabilisée”. Une métaphore, en somme, de l’arrachement que constitue le passage de l’enfance à l’âge adulte.
La Métamorphose d’après la nouvelle de Franz Kafka, précédée de “Je, tu, il” de Valère Novarina, opéra de Michaël Levinas, direction musicale Maxime Pascal, mise en scène Nieto, musique Le Balcon, avec Rodrigo Ferreira, Elise Chauvin, du 12 au 17 juin au Théâtre de l’Athénée, Paris IXe, dans le cadre du festival Manifeste de l’Ircam, tél. 01 53 05 19 19, athenee-theatre.com
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