En quatre CD avec ligne direct sur la nostalgie, New Rose raconte ses beaux souvenirs : avec tendresse, sans ressasser. On a tout dit et tout écrit sur le label New Rose : Armée du Salut rock’n’roll, auberge ibérico-texane, dernier du culte… On a tout dit aussi de Patrick Mathé, son instigateur. Et pourtant, une […]
En quatre CD avec ligne direct sur la nostalgie, New Rose raconte ses beaux souvenirs : avec tendresse, sans ressasser.
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On a tout dit et tout écrit sur le label New Rose : Armée du Salut rock’n’roll, auberge ibérico-texane, dernier du culte… On a tout dit aussi de Patrick Mathé, son instigateur. Et pourtant, une fois n’est pas coutume, on pourrait raisonnablement la jouer façon « mon père, ce héros au regard si doux », tant ses trois magasins successifs nous servirent de salles de classes. Mais nous éviterons le plan intime de cet aïeul devenu ami pour ne parler que de son œuvre. « Ah, si c’est une œuvre ! » Donc, 1980, un titre des Damned devient un nom de label qui ouvrira les hostilités par un album des Saints australiens de Chris Bailey. Le ton punk et rock’n’roll est donné et prendra rapidement de l’envergure avec l’arrivée des monumentaux Gun Club, Real Kids ou Dead Kennedys. Sur ces bases-là se développera un sens aigu de l’Amérique un peu brute. Derrière ces sommités de la guitare à vif et des voix tabagiques s’accrocheront une multitude de wagons aussi hauts en couleurs qu’en goûts. On pourrait en citer des dizaines : les Fortune Tellers ou l’impeccable Dramarama, Blood On The Saddle ou les très crampsiens Orson Family, les Primevals écossais ou les Reptiles At Dawn néo-zélandais. Au sein de ce panorama de pure essence rock’n’roll, de ce qu’il conviendra d’appeler un fond de commerce, s’inviteront quelques trépanés notoires comme Dino Lee, Tav Falco, Joe King Carrasco ou T. Tex Edwards. D’autres garçons beaucoup plus sages péteront momentanément les plombs au beau milieu de la tourmente, à l’instar de Peter Holsapple (DB’s, REM) qui, avec Pianosaurus, troquera son artillerie usuelle pour un lot d’instruments pour enfants en vrai plastique made in Taiwan. Il faut dire que le catalogue sentait bon la fête et la décontraction. On n’était pas là pour fomenter une révolution de salon, mais bien pour perpétuer l’esprit des rues et sa pagaille quotidienne. Ainsi une foule d’outsiders adopteront le nom de la rose et ses promesses de dernière lutte armée. Le label de la rue Pierre Sarrazin publiera donc quelques bénédictions signées Willie Loco Alexander, Sky Saxon, Cub Koda, Moe Tucker, Roky Erickson, Alex Chilton, Bruce Joyner, Robert Gordon, Paul Roland, Chris Spedding ou Elliott Murphy, sans oublier les quelques Français dont Dick Rivers qui s’immiscèrent dans la mêlée. Un peu plus tard viendra l’heure de la country rebelle et rugueuse, principalement texane grâce aux accointances du maître de céans avec la scène d’Austin. Fait citoyen d’honneur de la capitale sudiste, Patrick Mathé rapportera dans ses valises Rich Minus et surtout Calvin Russell dont la France fera une star burinée et emblématique. A propos de stars, notons les boutures réussies en la roseraie de disques des Cramps, Giant Sand, Johnny Thunders ou Bo Diddley. Cerise sur le mausolée : aux 85 titres proposés s’ajoute une version courte de la même épopée, soit un CD de 21 titres (tous différents de la sélection longue) des artistes maison les plus exposés. En fait, l’aventure n’aura même pas duré vingt ans, mais, aux vues du présent pavé, semble nous avoir occupé des siècles. Rosaire en main, on en reprend pour perpette.
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