Précurseur du manga d’horreur au Japon, Kazuo Umezu publie en France un nouveau recueil sombre et angoissant autour de banales mais tragiques histoires de couples.
Rares sont les mangas de Kazuo Umezu à avoir été publiés en France, aussi c’est une véritable joie de voir édité ce recueil de sept histoires courtes. Né en 1936, Kazuo Umezu a publié son premier récit à 19 ans, a écrit des histoires pour des magazines de shojo et de shonen et lancé la mode du manga d’horreur au Japon dans les 60’s, devenant une star dans son pays.
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Les nouvelles présentées dans ce recueil ont paru entre 1968 et 1973, période où Kazuo Umezu réalise également son chef-d’œuvre, L’Ecole emportée (six volumes, Glénat 2004-2005), dans lequel une école entière se retrouve de façon totalement inexpliquée complètement isolée du monde.
Alors que Kazuo Umezu met souvent en scène des enfants, les nouvelles de La Maison aux insectes ont pour protagonistes de jeunes adultes aux vies banales, qui se retrouvent insidieusement pris au piège dans de tragiques histoires de couples. Adultère, amour naissant brisé par la mort, tyrannie, manipulation, jalousie, rien ne leur est épargné. Ces situations domestiques dramatiques, au départ ancrées dans le réel, ne tardent pas à déraper vers l’horreur.
Kazuo Umezu diffuse ici un propos terriblement pessimiste
Kazuo Umezu utilise avec brio certains ressorts de la science-fiction – faux-semblants, réalités alternées, paradoxes temporels – pour semer la confusion et faire naître l’angoisse. Il abolit les frontières entre cauchemar et réalité, révèle un monde inquiétant, étrange, malsain, mais dont la noirceur provient toujours du cœur des hommes. Comme dans L’Ecole emportée, où la violence des protagonistes finissait par abolir tout espoir, Kazuo Umezu diffuse ici un propos terriblement pessimiste.
Dans ces nouvelles, personne, bon ou méchant, ne trouve d’échappatoire – au mieux, les héros sombreront dans la folie. L’antagonisme entre son dessin très fin, détaillé, et son graphisme très sombre, jouant beaucoup sur les noirs encrés, rend les histoires encore plus saisissantes et ne fait qu’ajouter à la beauté de sa poésie désespérée.
La Maison aux insectes (Le Lézard noir), traduit du japonais par Miyako Slocombe, 216 pages, 15 €
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