Déjà l’automne et l’impression qu’il ne s’est rien passé. Etrange année 2000, lancée à grand renfort de concepts unissant marketing et millénarisme, qui au bout du compte se sera distinguée par une absence de faits marquants et de nouvelles têtes d’affiche. Cette fameuse rupture que laissait suggérer le passage d’une ère à une autre, et dont la musique excelle à traduire l’audace, n’aura pas eu lieu.
Du moins n’a-t-elle pas épousé la forme et le rythme qu’on lui avait imaginés. Peut-on pour autant parler d’un cru sans fond et sans saveur ? Non, si l’on sait oublier ce qui a toujours été le vecteur déterminant du progrès artistique : le courant. Il n’y a plus, quel que soit l’univers exploré, de grands courants qui apportaient le neuf et nous délivraient du vieux. Un musicologue, inspiré par les écrits de Francis Fukuyama, serait sans doute en mesure aujourd’hui d’évoquer la fin de l’histoire musicale. Les socles familiers classique, jazz, world, chanson poursuivent leur lente mais certaine décomposition et c’est grâce à la liberté des artistes, naviguant d’une sphère à l’autre, qu’apparaît désormais l’innovation. Dans le même temps, les genres musicaux traditionnels flamenco, musique mandingue, baroque ou jazz classique et ceux qui les animent persévèrent dans leur être. Si bien que cette rentrée 2000 se place sous le signe de l’entre-deux, du chien et loup, du lourd léger. Nous traversons une zone indécise qui s’amuse de la rencontre des extrêmes, de la redécouverte de Sun Ra et de la renaissance d’Henri Salvador, du centenaire pesant d’hommages de Louis Armstrong et de l’arrivée du branquignol latin Tonino Carotone…
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JAZZ
– ART ENSEMBLE OF CHICAGO
Au tournant des années 70, Paris était la capitale fiévreuse et passionnée du free-jazz le plus radical et militant. Parmi les personnalités emblématiques à s’être exilées sur les bords de Seine, aux côtés d’Archie Shepp, Steve Lacy ou Anthony Braxton, l’Art Ensemble Of Chicago avec son art total et théâtral était sans doute la formation la plus fascinante. Très vite l’orchestre enregistre tous azimuts pour les jeunes labels Byg ou Saravah (avec Brigitte Fontaine, notamment pour l’extraordinaire Comme à la radio, ou ici le poète africain Alfred Panou pour un incunable récupéré miraculeusement sur une compilation de musiques africaines) et compose pour le cinéma, la musique des Stances à Sophie. C’est cette séance mythique qui aujourd’hui se trouve rééditée. Une musique sublime de liberté et de lyrisme où s’impose plus particulièrement la voix sensuelle de la diva soul Fontella Bass.
Les Stances à Sophie (Soul Jazz/Discograph).
Alfred Panou, Je suis un sauvage in Bilongo (Comet Records/Phunk).
– DAVID SANCHEZ
Après le formidable Obsession paru il y a deux ans, où, déchirant l’écrin d’une orchestration somptueusement raffinée par la puissance de sa sonorité sensuelle, le jeune saxophoniste ténor portoricain revisitait un répertoire choisi de ballades langoureuses puisées aux sources vives du continent musical latino-américain, David Sanchez revient avec un disque plus classiquement jazz mais tout aussi habité et parcouru de bout en bout d’une énergie fiévreuse. Alliant maîtrise technique et fougue lyrique contrôlée, Sanchez s’affirme décidément comme le grand saxophoniste actuel dans la sphère du néo-latin jazz.
Melaza (Columbia/Sony).
– ANNETTE PEACOCK
Après douze longues années de retraite et de silence phonographique quasi intégral, Annette Peacock, anti-star secrète et mythique de l’underground new-yorkais des années psychédéliques, revient au premier plan avec un disque inattendu, recueil somptueux et mélancolique de chansons intimistes à la séduction vénéneuse. Seule au piano, accompagnée simplement d’un quatuor à cordes, la chanteuse susurre ses « free songs » décalées d’une voix fragile, drôlement détimbrée, et captive par la familière étrangeté qui se dégage finalement de cette uvre hors temps, faussement sage sous ses atours maniéristes.
An acrobat’s heart (ECM/Universal).
– SUN RA
Longtemps englouti, mythique à force d’être resté si longtemps invisible, le continent Sun Ra commence aujourd’hui, au fil des rééditions qui s’accumulent, à livrer ses secrets et, sans rien perdre de son mystère ni de sa marginalité, à gagner en cohérence et en importance. Cette toute dernière livraison notamment se révèle particulièrement éblouissante et instructive. S’échelonnant du milieu des années 60 jusqu’à la fin des années 70, cette petite dizaine de disques sublimes, rarissimes pour la plupart, inédits même pour certains, pose définitivement Sun Ra non seulement comme l’un des musiciens les plus originaux à être apparus dans la nébuleuse free, mais comme un expérimentateur visionnaire propulsant son univers de façon étonnamment prophétique aux confins de l’électronique.
Heliocentric worlds vol. 1 & 2 (ESP/Socadisc).
Lanquidity, The Great Lost Sun Ra albums, When angels speak of love (Evidence/Harmonia Mundi).
– LOUIS ARMSTRONG
Né avec le siècle, né avec le jazz, Louis Armstrong, s’il n’avait décidé de tirer sa révérence le 6 juillet 1971, aurait eu 100 ans cette année. L’occasion était trop belle pour les maisons de disques de remettre en vitrine pour cet anniversaire l’essentiel d’une carrière pléthorique et inégale, avec ses moments de génie fulgurant et ses compromissions commerciales aux limites de l' »oncle-tomisme » béat. Dans cette jungle de références, il ne faudra surtout pas manquer le coffret couvrant l’intégralité des séances Columbia des Hot Fives et Hot Sevens qui, entre 1925 et 1927, allaient révolutionner le jazz balbutiant et, à l’autre extrémité de sa carrière, au tournant des années 60, la réédition (agrémentée d’un passionnant making-of) de l’unique et miraculeuse rencontre avec l' »autre » grand génie du jazz classique : Duke Ellington. Enfin, dans une autre logique, on pourra avec délectation piocher dans le coffret de 3 CD, Ultimate collection, concocté par Universal (compilation des labels Vocalion, Brunswick, Decca, Verve et MCA couvrant la majeure partie de sa carrière de 1924 à 1968).
The Great Summit (avec Duke Ellington) (Roulette/EMI).
The Complete Hot Fives & Sevens (Columbia/ Sony).
– WADADA LEO SMITH
Personnalité hors norme de l’histoire du jazz récent, partenaire de la première heure des grands musiciens fondateurs de l’AACM (Braxton, Muhal Richard Abrams, Henry Threadgill), expérimentateur continuel des marges de l’improvisation, explorateur inlassable des zones les moins balisées du champ musical contemporain, le trompettiste Wadada Leo Smith revient au premier plan grâce au label Tzadik de John Zorn, avec coup sur coup deux disques exceptionnels, Golden quartet, paru il y a quelques mois, et Reflectativity. Une musique libre et rigoureuse qui revisite avec sérénité et actualise avec audace trente années de Great black music.
Golden quartet, Reflectativity (Tzadik/Orkhestra).
– AHMAD JAMAL
Depuis le milieu des années 90 et son retour définitif sur le devant de la scène jazzistique contemporaine, le pianiste Ahmad Jamal a finalement su imposer son lyrisme paradoxal fondé sur l’éloquence discrète de l’ellipse et est incontestablement passé du statut ambigu d’anti-star mythique de l’histoire du jazz à celui de diva internationale indiscutable. A l’occasion de son 70e anniversaire, le pianiste sort un nouvel album parfaitement réjouissant et s’offre une vaste tournée européenne qui le mènera notamment à l’Olympia le 6 novembre pour un concert exceptionnel. L’occasion de vérifier l’éternelle jeunesse de son art subtil et dorénavant populaire.
Picture perfect
(Birdology/Warner).
– DAVE DOUGLAS
Avec son univers joyeusement polymorphe se déclinant à tous les tons du subjectif présent, le trompettiste Dave Douglas s’impose aujourd’hui simultanément sur tous les fronts de la modernité jazzistique, avec un même bonheur expressif. Au sein de ce quartette « de chambre » à l’instrumentation funambulesque (accordéon, violon, contrebasse) explorant des textures sonores inédites et mélancoliques, c’est le versant intimiste et délicatement lyrique de sa personnalité qu’explore le trompettiste, plongeant résolument aux racines folkloriques imaginaires européennes de sa musique.
A thousand evening (RCA Victor/BMG).
– MICHEL GRAILLIER
C’est un disque à la fois extraordinairement limpide et secrètement hanté que nous offrent le pianiste Michel Graillier et le contrebassiste Ricardo Del Fra. Sur le ton de la confidence, entre conversation intime et souvenir partagé, ces deux immenses stylistes évoquent en creux le grand absent de cette séance — le trompettiste Chet Baker qu’ils accompagnèrent durant les dernières années tragiques de sa carrière… On retrouve là, dans la pudeur et la retenue, un même lyrisme gris détaché et raffiné, un même sens mélodique profondément mélancolique. Un grand disque d’amour.
Soft talk (Sketch/Harmonia Mundi).
– KEITH JARRETT
Quelques mois à peine après sa victoire sur la maladie et son retour solitaire au disque sous forme de confession amoureuse (The Melody at night with you), le pianiste Keith Jarrett retrouvait à Paris son trio pour un concert exceptionnel. Le résultat est sidérant de musicalité. Une musique profonde et légère dans la même phrase, ultra-sophistiquée sous ses allures d’évidence et cependant d’une puissance expressive et émotionnelle retrouvée après les quelques dérives maniéristes perceptibles ces dernières années. De vraies grandes retrouvailles pour un nouveau départ ?
Whisper not (ECM/Universal).
– BILL EVANS
Une semaine seulement avant sa mort à la fois annoncée et inopinée (il n’avait que 51 ans mais le foie rongé par la drogue), le pianiste Bill Evans investit le Keystone Korner de San Francisco et une dernière fois décline sur tous les tons son art inimitable du trio. A la tête d’une de ses formations les plus soudées et stylistiquement complémentaires, c’est un musicien paradoxalement en pleine possession de ses moyens qui, en un somptueux chant du cygne, offre en huit soirées d’exception, une sorte de synthèse sur le vif de l’étendue de son talent. Un témoignage inestimable.
The Last Waltz (coffret de 8 CD)
(Milestone/Warner), en octobre.
– ERIC WATSON
Pianiste discret et exigeant, sans compromis, un brin austère dans ses partis pris d’élégance allusive, Eric Watson, Américain de Paris depuis 1978, s’impose au fil des ans comme l’une des plus pertinentes personnalités de la scène musicale contemporaine. Sa musique raffinée et rigoureuse, géométrique et lyrique, peut s’entendre comme une actualisation singulière de l’univers opaque de l’énigmatique Thelonious Monk, et son dernier disque, en quartette avec le saxophoniste Bennie Wallace, adepte d’une modernité tempérée puisant ses sources aux racines du blues, est peut-être le meilleur des viatiques pour s’y initier.
Full metal quartet (OWL/Universal), sortie le 17 octobre.
– THELONIOUS MONK
De 1944, date de sa toute première séance phonographique en compagnie du parrain des saxophonistes ténors, Coleman Hawkins, jusqu’en 1954 et son unique collaboration avec Miles Davis sur l’album Bag’s groove (que continue de hanter son légendaire solo silencieux sur The Man I love…), le pianiste Thelonious Monk aura gravé pour la firme Prestige la matière de ces trois disques extraordinaires où toute la poésie énigmatique de son univers se trouve comme condensée. En trio avec Max Roach ou Art Blakey à la batterie ou en quintette avec Sonny Rollins au ténor, ces faces historiques sont tout simplement indispensables pour qui ne les posséderait pas déjà sous une autre forme.
The Complete Prestige Recordings (coffret de 3 CD) (Prestige/Warner), en octobre.
– PATRICIA BARBER
La chanteuse, pianiste et songwriter américaine, Patricia Barber, qui avait déjà su nous charmer de son univers clair-obscur, audacieux, sensuel et subtilement désabusé, atteint ici une nouvelle maturité avec ce disque inattendu composé entièrement de standards immortels. Sa façon à la fois extrêmement moderne et personnelle de s’accaparer ce répertoire mille fois exploré, la puissance expressive de sa voix, la délicatesse de son jeu de piano incisif et minimaliste, l’élégance suprême de ses arrangements, imposent Patricia Barber non seulement comme une grande « chanteuse de jazz », mais plus généralement comme l’une des personnalités les plus fortes à avoir émergé dernièrement de la scène musicale contemporaine.
Nightclub (Blue Note/EMI), sortie le 17 octobre.
– ORIENTAL FUSION
C’est sans doute la belle surprise de cette rentrée. Le trio Oriental Fusion, originaire de Marseille, est à l’image de cette ville carrefour : métis, audacieux, à la fois fidèle à ses racines culturelles et définitivement tourné vers l’autre dans sa familière étrangeté. Composée d’Hakim Hamadouche au chant et au mandoluth, d’Ahmed Compaoré à la batterie et d’Edmond Hosdikian aux saxophones, cette formation invente une musique hybride, ouverte aux quatre vents, ancrée dans l’imaginaire méditerranéen millénaire et branchée sur les pulsations les plus radicales des domaines contemporains. Ce mélange malin de traditions arabes et arméniennes actualisées et de free-music déjantée vient bousculer avec bonheur le jeune jazz français particulièrement frileux en cette rentrée.
Transes européennes (Night & Day), fin octobre.
– TAJ MAHAL
Entre 1968 et 1975, un certain Taj Mahal, guitariste élégant et fougueux, chanteur à la voix profonde et sensuelle, allait enregistrer quelques albums d’anthologie, inventant un blues mutant, hybride, léger, définitivement original et expérimental dans sa façon de vagabonder aux confins des genres, sans jamais cesser d’être directement accessible et séduisant. On y entend pêle-mêle le Sud profond, La Nouvelle-Orléans créole et son carnaval de brass band, le rock nègre et sensuel d’Hendrix — toute l’âme festive et fière de la musique afro-américaine du début des années 70.
The Natch’l blues, The Real Thing, The Best of Taj Mahal (Columbia/Sony).
– ERNST REIJSEGER
L’excellente formation classique du violoncelliste Ernst Reijseger, sa nature curieuse et malicieuse, son absence de dogmatisme le placent parmi les meilleurs improvisateurs actuels. Son nom est associé à ceux de Derek Bailey, Michael Moore, Louis Sclavis… Depuis plus de dix ans, avec le contrebassiste Ernst Glerum et le violoniste (et compositeur) Maurice Horsthuis, il joue une musique de chambre subtile, accessible au novice et saisissante par ses raccourcis entre romantisme et improvisation.
Winter theme (Winter & Winter/Harmonia Mundi).
– CARLOS MAZA
Après cinq années de silence phonographique, le jeune pianiste chilien Carlos Maza revient à la tête de son trio expérimental Cubrazil Project pour une musique ambitieuse, cocktail explosif de rigueur classique et de spontanéité latin-jazz, posant ainsi définitivement les bases d’un univers unique, synthèselyrique et trans-stylistique de différentes traditions musicales sud-américaines réunifiées par le regard forcément nostalgique de l’exil.
Tierra fértil (Emarcy/Universal).
– FRANÇOIS TUSQUES
Cette grande figure secrète, oubliée, refoulée (?) du jazz français, persiste en solitaire depuis plus de trente-cinq ans maintenant, sur sa voie singulière et inflexiblement révolutionnaire. Instigateur du premier groupe de free-jazz français en 1965, activiste poétique et politique inclassable depuis, ce pianiste sobre et lyrique aura su rester fidèle à une conception collectiviste et libertaire de la musique. En trio cette fois, en compagnie du clarinettiste Denis Colin et du batteur Howard McGhee, Tusques propose sa vision personnelle du blues — historique et universelle, discrètement mélancolique.
Blue suite (Transes Européennes/Nignt & Day), fin novembre.
– RAMON LOPEZ
On sait depuis Eleven drums, son premier opus solo, que le batteur Ramon Lopez n’est pas un second couteau mais bien un compositeur inventif, un musicien ouvert à toutes les situations. Pour un hommage tonique et libertaire aux combattants de la guerre d’Espagne, à travers des reprises improvisées et inspirées de chants révolutionnaires, il réunit une brigade internationale de choc : Daunik Lazro, Thierry Madiot (membres comme lui du Lousadzak de Tchamitchian), Paul Rogers et, en invité, Beñiat Achiary. Entre le free et la mort, Lopez a choisi.
Songs of the Spanish civil war (Léo/Orkhestra).
CHANSON
– TETES RAIDES
A vouloir faire du neuf avec du vieux, du haut de gamme populaire, du rigolo grave, l’entêtement des Têtes Raides confine, forcément, à l’héroïsme discret. En dix années, pas un mot plus haut que l’autre, pas une déclaration intempestive, pas un écart médiatique et pas un mauvais disque. Celui-ci concentre, sur dix-neuf plages, les modes et variations d’un savoir-faire de chansonniers du pire, Frères Jacques en version Caro et Jeunet, alternant la défense des sans-papiers (l’Iditenté en duo punk avec Bertrand Noir Désir) et les déclarations loufoques (Chapeau). Jamais les Têtes Raides n’ont mieux fait coïncider leur esprit enfantin avec une lucidité d’adulte contemplant le désastre du monde.
Gratte poil (Tôt Ou Tard/WEA, sortie le 24 octobre.
– INGRID CAVEN
« Diva déphasée » : l’expression jaillit au détour du roman de Jean-Jacques Schuhl ; elle décrit idéalement Ingrid Caven, créature fragile dont les ailes recouvrent Berlin et Paris, cultivant le souvenir de Fassbinder et d’Yves Saint Laurent. Cet album déshabille « la Caven » dans la solitude, le mal-être, la timidité, l’espoir… S’y répondent la concision de l’air du rat, la profondeur d’un simple « la la la », le confort ambigu d’un concerto mozartien, les images cauchemardesques du Pierrot lunaire de Schoenberg. Si l’expressionnisme incarne toujours une réalité, Ingrid Caven en revendique la loi.
Chambre 1050 (Tricatel), sortie le 6 novembre.
– FEMMOUZES T
Quand la chanson sort de la franchouillardise, de l’abstraction et de la déprime pour s’ouvrir sur le monde et la vraie vie, cela donne un album concis, vivace et inventif. Les Femmouzes T développent les promesses contenues dans leur premier album : climat inédit dû aux allers-retours Toulouse-Bahia, paroles joyeuses et citoyennes, mise en relief sonore irréprochable (effectuée par Ange B des Fabulous Trobadors). Avec ce disque inespéré, les Femmouzes T placent la barre très haut et proposent une voie inédite et excitante pour la chanson.
2 (Virgin).
– MARCELLESI
Ni petit-fils de Tino Rossi ni héritier scrupuleux des polyphonistes haut perchés dans la rocaille et le respect des traditions, Jean-Pierre Marcellesi est un Corse du grand large qui a vécu au Maroc, voyagé en Afrique noire, en Amérique du Sud, dans les pays scandinaves. Si son chant a la pureté du religieux, c’est que le monde est son église. Il épouse avec la même ferveur fado portugais, chant de pêcheurs en brésilien, ballade à l’italienne et, bien sûr, lamento corse. La production de son premier album embarrasse à vouloir surligner l’émotion. Pourtant, comme nous l’apprend l’acte de voyager auquel cet insulaire sans port d’attache semble attaché, rien n’est jamais définitif.
Barqueiro (V2 Music).
– ARTHUR H
La force d’Arthur H, c’est de boxer seul dans sa catégorie. Ça a des avantages (être toujours au sommet de son art) et des inconvénients (l’aventurier solitaire est un être romantique). Une aubaine, ses chansons ont trop à dire pour ne satisfaire que la clientèle des bars de nuit. Les points de repère de ce quatrième disque : une voix savamment/ négligemment travaillée, une jolie collection de timbres sonores (orgue Hammond, guitare antédiluvienne, cuivres peu astiqués). Ce retour électrique est une réussite.
Pour Madame X (Polydor/Universal).
CLASSIQUE
– ZEMLINSKY - JAMES CONLON
En dépit d’un emploi du temps qui frise la démence, le directeur musical de la Bastille trouve toujours un moment de réflexion et d’inspiration pour compléter la gravure des uvres vocales et symphoniques de son compositeur de prédilection, Alexander von Zemlinsky. Beau-frère de Schoenberg, amant malheureux d’Alma Mahler, ce dernier représente le courant Jugendstil viennois du début du siècle. Une orchestration démesurée qui prend en compte l’intimité de la musique de chambre, des irisations magiques, le goût pour la grande forme et le lied. C’est justement l’intégrale de ses lieder avec orchestre que Conlon propose aujourd’hui avec succès.
(EMI).
– DEBUSSY - CÉDRIC TIBERGHIEN
C’est pas parce qu’on a une belle gueule qu’on joue forcément du piano comme un pied. Nouvel Orphée du clavier, coqueluche des producteurs, directeurs de salles, mélomanes et critiques en quête de jolis minois, Tiberghien renvoie à la face de cette cohorte d’admirateurs une maîtrise déjà impressionnante du clavier. A 25 ans, quand on aborde ainsi les classiques de manière cristalline et qu’on empoigne les grandes fresques romantiques avec une telle autorité, on est promis à une belle carrière. Le Debussy de Tiberghien est suffisamment ambitieux et réussi pour qu’on lui consacre ces quelques lignes.
Images (Estampes/Harmonia Mundi).
– OFFENBACH AU CHATELET ET À L’OPÉRA-COMIQUE
Deux visions du maître de l’opérette Second Empire s’affrontent en ce début de saison : d’une part, le colorisme extraverti de La Périchole de Savary, intronisé dans son antre de la rue Favart, qui constitue finalement un projet assez vain (à partir du 31 octobre) ; d’autre part, la relecture gaillarde et musicalement aboutie de La Belle Hélène dans un Châtelet qui retrouve pendant un mois le rire qui a fait toute son histoire. Le couple à succès Laurent Pelly et Marc Minkowski a pris les rênes de cette production caractérisée par une distribution vocale éblouissante. C’est le spectacle de la rentrée.
La Belle Hélène à Paris, au Châtelet, jusqu’au 27 octobre.
– RENÉ JACOBS - REINHARD KEISER
L’automne réussit souvent à René Jacobs qui fait feu de tout bois : reprise du Cosi fan tutte du Festival d’Aix au TCE (18, 20 et 22 octobre) avec une remise dans les bacs du superbe coffret de l’opéra de Mozart ; concert Haydn/Mozart le 21 octobre, les madrigaux de Monteverdi le 7 novembre avec le Concerto Vocale, Orfeo ed Euridice de Gluck en version de concert à la Cité de la Musique les 15 et 16 novembre. Cerise sur le gâteau, la sortie d’un opéra allemand du xviiie, Crésus de Keiser, génie méconnu contemporain de Bach et Haendel.
Crésus (Harmonia Mundi).
– BEETHOVEN - QUATUOR PRAZAK
C’est ce qui se fait de mieux actuellement en musique de chambre, la synthèse d’une sonorité plongée dans la tradition d’Europe centrale et l’expérience glanée en Amérique. Fondé en 1972 par des étudiants de Prague, le Prazak est devenu une référence dans Janácek, Borodine, Mozart et surtout Beethoven. Les dix-sept quatuors font l’objet d’une intégrale en concert dont les premiers éléments suscitent l’enthousiasme. On se jettera sur les quatuors Razumovsky avant d’aller en concert aux Bouffes du Nord début janvier.
(Praga/Harmonia Mundi).
– ANTONIO FLORIO
Il y a treize ans, Florio fondait la Cappella de’ Turchini avec laquelle il a publié chez Opus 111 des perles du répertoire napolitain, Provenzale en premier. Aujourd’hui, il est question d’un opéra-bouffe de l’oublié Latilla, La Fausse Suivante, qui nous plonge dans l’univers bigarré de la commedia dell’arte. Comme d’habitude, tout est servi avec un raffinement et un entrain des plus attrayants.
En clôture du Festival de musique baroque de Pontoise, le 27 octobre.
– GIYA KANCHELI
Quand on connaît sa passion pour Schubert, Chopin et Strauss, le Géorgien Giya Kancheli pourrait être qualifié de « dernier romantique » — à l’image de Chostakovitch, son aîné –, sauf que l’essence de ce romantisme réside moins dans l’apparence de sa musique que dans sa force intérieure, d’une intensité et d’une économie de moyens qui portent au recueillement. Avec Simi (violoncelle et orchestre) et Magnum ignotum (vents, contrebasse et bande), Giya Kancheli franchit une nouvelle fois les limites audibles de son chant sacré, entre silence, douleur et mystère : l’esprit même de la Beauté.
Magnum ignotum (ECM/Universal).
– DARIUS MILHAUD
Après Poulenc, le Provençal Eric Le Sage et ses compères se plongent dans la musique de leur compatriote Milhaud. Réalisé sous l’impulsion du pianiste et du clarinettiste Paul Meyer, deux des fondateurs du festival Musique à L’Empéri (Salon-de-Provence), ce disque rassemble des partitions majeures du compositeur aixois, dont la version de chambre de La Création du monde et les célèbres Saudades do Brasil, folklore réinventé, bouillonnant d’esprit sous les doigts d’Eric Le Sage.
Musique de chambre (RCA-BMG).
– RACHMANINOV - ARCADI VOLODOS
Avec le Bach de Murray Perahia, c’est incontestablement le disque de piano de la rentrée. Un volcan en éruption, un gigantesque crescendo qui culmine, au terme de détours apaisés, sur la déclaration extravertie du finale. Capté live à la Philharmonie de Berlin, le 3e Concerto de Rachmaninov devient sous les doigts exaltés d’Arcadi Volodos une déclaration ultime et exaltée d’un romantisme en déliquescence. L’orchestre de James Levine sait s’effacer devant le piano comme il le porte vers un raz-de-marée dévastateur. Génial à plus d’un titre. De plus, les pièces offertes en complément sont autre chose que des bouche-trous.
3e Concerto (Sony).
– HAYDN
Dans la famille Hantaï, je demande l’un des fils, Jérôme, ici au pianoforte — et le père, Simon (le peintre), pour la couverture… Avec la complicité de Philippe Couvert au violon et d’Alix Verzier au violoncelle : à découvrir trois trios avec piano de la maturité de Joseph Haydn, le « père » de la symphonie classique et du quatuor à cordes, pour vérifier que le talent du compositeur s’exerce avec autant de passion et d’élégance dans ce genre, plutôt intime, du trio — que Jérôme Hantaï emporte fougueusement.
Trios (Astrée/Naïve).
– JOHN ADAMS - PETER SELLARS
A attendre en vain la première européenne de sa dernière grande partition d’orchestre, Naïve and sentimental music (créée à Los Angeles, sous la direction d’Esa-Pekka Salonen, en février 1999), on oublierait presque que le Théâtre du Châtelet propose à Paris, en coproduction avec les Etats-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas, le nouvel opéra de John Adams, La Nativité, interrogation grave (mais peut-être comique aussi, qui sait ?) sur la naissance, avec un livret du compositeur et de son fidèle metteur en scène Peter Sellars, associant la Bible à des poètes latino-américains contemporains.
La Nativité, du 15 au 23 décembre, Théâtre du Châtelet.
– SALVATORE SCIARRINO
D’une stature aussi considérable que Nono et Scelsi, Salvatore Sciarrino est l’Italien que la France va pouvoir découvrir grâce aux neuf concerts organisés par le Festival d’Automne à Paris. Personnage mystérieux, aux musiques indicibles et fantomatiques (traversées de grandes figures du passé, tels Gesualdo et Mahler), le compositeur manie l’ironie et la distance, tout en portant une attention extrême à l’écoute « comme ouverture de notre pensée, de notre perception, de notre conscience ». Au programme, entre autres, deux partitions majeures : l’opéra Perseo e Andromeda et le récent et halluciné Infinito nero, ainsi que la création de Il Climo dopo Harry Partch, partition d’orchestre suggérée par le musicien-vagabond américain.
Au Festival d’Automne de Paris., du 31 octobre au 4 décembre, Athénée-Théâtre Louis Jouvet, Théâtre du Châtelet et Opéra national de Paris-Bastille.
WORLD
– MAHOTELLA QUEENS
Le mur de l’apartheid franchi, le chant des Mahotella Queens est demeuré suspendu aux crêtes de joie du Mbaquanga. Déesses du gospel pop sud-africain, ces reines-mères n’offrent de prise ni au temps ni à l’abattement, et incarnent l’euphorie contagieuse et l’esprit de lutte des townships. Leur retour sur disque est une bénédiction, et leur venue en concert (le 27 octobre au Café de la Danse à Paris) est l’assurance d’un moment de régénération.
Sebai bai (Label Bleu/Harmonia Mundi).
– BAU
On se méfie toujours des albums d’instrumentistes, ils ne présentent généralement d’intérêt que pour le comité restreint des virtuoses qui peuvent à leur écoute s’étalonner. A son quatrième album, l’ancien directeur artistique de Cesaria Evora réussit enfin à faire coïncider sa brillante technique au violon, à la guitare, avec une pensée poétique que ne détourne plus le besoin narcissique d’en rajouter. Entre sensuelle morna cap- verdienne et jolie dérive océanique (des rives d’Andalousie aux rêves du Brésil).
Blimundo (Lusafrica/BMG).
– MOIRA
Surprenant premier album de cette jeune chanteuse parisienne. Dans un registre qui doit autant à son passage au Berklee College of Music qu’à des goûts moins académiques (Prince, Stevie Wonder, Gainsbourg), elle a su aménager, sans trop de recherche, d’effets ou de contrainte conceptuelle, un joli moment inédit. Son jazz vocal mâtiné de kora africaine nous fait retrouver le sens du mot « rafraîchissant ».
Insomnie (Cobalt).
– FESTIVAL AFRICOLOR
Au programme de cette 12e édition du festival dédié aux musiques africaines et de l’océan Indien, des voix et des tambours : Senge de Madagascar, Danyel Waro de la Réunion, Baco de Mayotte, Percussions Elima du Congo, Moïra (voir plus haut) de Paris ou Mali Dambe Foly de Bamako — tels seront les moments-clés de l’édition 2000. Avec une soirée spéciale intégralement consacrée à Alain Peters « le paraboler », figure essentielle et tragique de la musique réunionnaise à qui d’anciens compagnons de route Lloy Ehrlich, Joël Gonthier, René Lacaille rendront hommage.
Le 19 décembre au Forum culturel de Blanc-Mesnil, les 22, 23, 24 décembre au théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis.
– FANIA
Nouvelle venue sur la scène pop africaine, Fania a derrière elle une carrière en méandres faite de mannequinat et de lambada (avec Kaoma). Sopi, son premier album, est comparable à la remontée d’un fleuve vers une source d’où jaillit son essence profonde. (Cf. Les Inrockuptibles n° 259.)
Sopi (Globe Music/Sony).
– JIMMY BOSCH
La musique de Jimmy Bosch fait penser à une tempête tropicale. Elle se forme dans la mer des Caraïbes, entre Porto Rico et Cuba, remonte le long des côtes américaines pour s’engouffrer dans les canyons new-yorkais, entre les buildings de verre et d’acier de Manhattan où elle libère toute sa puissance dévastatrice : celle d’une salsa dura (titre de son dernier album) qui vous fait suffoquer d’euphorie. Sur disque, l’affaire est considérable. Sur scène, rien ni personne n’est en mesure aujourd’hui de résister à la force cyclonique du tromboniste maboul et de son groupe de nuyoricans explosés.
En concert le 21 octobre au New Morning.
– TIKEN JAH FAKOLY
Si le Sénégal est plutôt rap, la Côte d’Ivoire reste le fief du reggae africain. Jeune challenger d’Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly assène des vérités qui ne sont pas sans effets sur la scène politique ivoirienne. Feu Peter Tosh n’aurait pas renié ce lointain cousin au verbe machette, à la pulsion torpillante.
(Cf. Les Inrockuptibles n° 256.)
Cours d’histoire (Globe/Sony).
– BALLAKÉ SISSOKO
Sa collaboration avec Toumani Diabaté sur New ancient strings a fait accéder ce joueur de kora au rang de maître reconnu de l’instrument-roi de la musique mandingue. Sans jamais rompre l’éco-système instrumental d’une tradition séculaire où kora, n’goni, bolon balafon et voix s’anoblissent en s’unissant, Ballaké Sissoko et ses musiciens offrent au répertoire traditionnel des évasions poétiques qui rappellent le principe libéré de l’improvisation jazz. Un disque qui réhabilite la délicatesse et réenchante les âmes navrées.
Déli (Indigo Lable Bleu).
– THE JOURNEY OF CHRIS STRACHWITZ, ARHOOLIE 40TH ANNIVERSARY COLLECTION : 1960-2000
Arhoolie, un petit nom qui ronronne enfermé dans la silhouette arrondie d’une guitare : au fil des années, le logo du label californien est devenu comme un tatouage intime au creux de l’oreille des amateurs de musiques américaines blues, country, cajun et tex-mex. Chris Strachwitz, son fondateur, a commencé par collectionner des 78 t. Puis il est parti, sur les traces des Lomax, enregistrer des musiciens traditionnels au Texas. Il a continué le voyage en Louisiane, à la frontière mexicaine ou même en Europe. Quarante ans plus tard, toujours pas revenu, il envoie une imposante et précieuse carte postale : ce coffret de 5 CD où l’on retrouve les grands noms du label Lightnin’ Hopkins, Fred McDowell, Clifton Chenier, Flaco Jiménez, Lydia Mendoza et une tripotée de seconds rôles qu’il était temps de redécouvrir.
Coffret 5 CD (Arhoolie/Musisoft).
– GEOFFREY ORYEMA
Album paru en début d’année, Spirit ressort cet automne augmenté de deux nouveaux titres chantés en français John mon frère et Lapin au sésame. La voix du chanteur ougandais survole avec une aisance d’aigle un folk électrifié où les limites entre sons d’Afrique et d’occident se désagrègent pour mieux illuminer l’esprit commun aux deux mondes.
Spirit (St George/Sony).
– COMPAY SEGUNDO
« Dans un vol entre l’Allemagne et l’Italie, je me suis souvenu de ma fiancée, là-bas, à 10 000 kilomètres d’altitude et j’ai commencé à écrire quelques vers. » Et c’est ainsi que le plus vieux musicien du monde, comme il aime à se présenter, entama la composition d’un nouvel album, perle venant enrichir un collier déjà richement doté. On remarquera qu’après Lo Mejor de la vida, celui-ci se nomme Las Flores de la vida, ces fleurs de la vie que notre grivois compère n’est pas empressé de manger par la racine. Ce recueil ne fâne pas, même après trois cents écoutes successives. Il est vrai, bouquet d’immortelles, les compositions sont signées par les plus éminentes plumes du répertoire cubain Miguel Matamoros, Manuel Corona, Rodriguez Sise et même la fréquentation du rabâché Guantanamera se fait belle et émouvante. Album après album, l’impression est indiscutable : ce Cubain nonagénaire, fumeur de Cohiba, étancheur de Havana Club, n’en finit plus de rajeunir.
Las Flores de la vida (East West), sortie le 7 novembre.
– RUBEN GONZALES
L’hibernatus du piano cubain n’en finit pas de célébrer son printemps tardif avec un second album où refleurissent boleros et cha cha cha. Que de ce corps fourbu de quatre-vingts ans s’écoule encore un tel lyrisme constitue en soi un authentique miracle.
(Cf. Les Inrockuptibles n° 260.)
Chanchullo (World circuit/ Night & Day).
– EKOVA
Ekova nage à contre-courant des musiques du monde. Proche d’une conception anglo-saxonne (on pense à une production Real World), peu ancrée sur un quelconque héritage traditionnel, ce deuxième disque du trio américano-algéro-iranien s’achemine à grands pas vers une transe new-age dans laquelle la voix de Dieirdre Dubois prend le leadership et où les samples et les instruments traditionnels se la jouent à couteaux tirés. Une beauté froide, purement esthétique, une curiosité qui continue le travail initié par Dead Can Dance.
Space lullabies and other fantasmagories (Globe/Sony).
– KUDSI ERGUNER/TAJ MAHAL
Entre la parution de son autobiographie (La Fontaine de séparation, éditions Le Bois d’Orion) et celle d’un nouvel opus en studio, le compositeur et joueur de ney Kudsi Erguner sort ces jours-ci l’enregistrement d’un concert donné en juin 1999 à Istanbul. Il s’agit d’une création rassemblant l’équipe habituelle du musicien turc augmentée de musiciens indiens. Cette rencontre entre des musiques non européennes s’inscrit dans le projet global de Kudsi Erguner : démontrer qu’il existe une musique vivante, contemporaine et savante, en dehors de l’Occident. Démonstration réussie.
(Al Sur/Concord/Musisoft).
– SEYCHELLES ALL STARS
La créolité n’apparaît jamais aussi à son avantage que dans les domaines de la cuisine ou de la musique, là où le principe de mélange guidé par la nécessité du plaisir se fait cardinal. Concocté à partir de la recette universelle du plat combiné, le Seychelles All Stars fait mijoter les meilleurs ingrédients de la scène seychelloise : l’accordéoniste John Vital et le guitariste « rebelle » Ralf. Ce second volume est incomparablement supérieur au précédent, faisant tourner avec une succulente douceur d’archipel les danses locales, séga, moutia, kwantolé, teintées de nostalgie ou de commentaire politique (le tube local de ces cinq dernières années : Anmen mwan dan lakour).
Seychelles All Stars (Night & Day).
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