Retour de Photek, prodige jungle angoissé et angoissant, reconverti en metteur en scène house, apaisé et presque jovial. En concert aux Transmusicales le 30 novembre, l’homme est à découvrir en interview vidéo sur lesinrocks.com.
Rupert Parkes est un grand rouquin au sourire à la fois enjôleur et endormi. Derrière ses tâches de rousseur discrètes, le bonhomme ne laisse rien transparaître de son savoir-faire rythmique et de ses talents de jungliste hors-pair. Ce type-là, pourtant, a contribué de manière décisive à la création d’un genre musical à part entière : la jungle. Au début des années 90, il troque son saxophone contre des machines infernales, sampler et ordinateur, qu’il nourrit des rythmes les plus spartiates qui soient, à la fois efficaces et sombres, terriblement angoissants. Lorsque ses premiers disques, sous le pseudonyme Photek arrivent en magasin, ils figurent une mini-révolution sonique et sonore : jusque-là, rien de tel n’était sorti de la scène jungle.
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Au départ, le bonhomme sort ses disques tout seul : les disques, une série de maxis, sont emballés dans des pochettes au design hermétique, peu explicite. Photek pousse le bouchon jusqu’à sortir l’un de ses disques en n’y faisant figurer qu’un texte japonais sans aucune autre forme d’explicitation !
Le summum de la série est atteint avec le maxi UFO / Rings Around Saturn, qui sample Pharoah Sanders et met en boucle des voix de pilotes d’aviation en train de décrire des OVNI.
Commis dans la foulée, son premier album Modus Operandi demeure encore comme l’une des meilleures réalisations du genre dans ce format-là.
Ces temps-ci, Photek revient avec son deuxième vrai album (si l’on met de côté l’excellente compilation Form & Function), aux sonorités moins abruptes, moins extrémistes et plus apaisées, aux accents house clairs : on y entend même la voix légendaire de Robert Owens, chanteur émérite de la formation mythique Fingers Inc. et diva des premières années de la tech-house. Photek revendique l’apaisement de sa musique, et, d’une certaine manière, son éloignement de certaines préoccupations : « mes premiers disques ont réellement servi à définir un genre et un son, aujourd’hui, je n’en suis plus là, je me contente de faire une musique plus simple, avec moins d’ambition, une musique que j’ai envie d’écouter« .
A l’image de la musique, la pochette de Solaris, son nouvel album, exhibe un paysage de mer, en contraste total avec ses précédentes livraisons, aux tons résolument sombres et angoissés. Photek, lui, comme pour mettre en adéquation sa musique et sa vie, déménage bientôt en Californie.
Alors que sort Solaris, Rupert Parkes évoque le disque de ses débuts, le maxi Form & Function, autoproduit en 94 sous son pseudo d’alors : Studio Pressure.
Studio Pressure, Sentinel et finalement Photek (à l’origine le nom de son label), de pseudo en pseudo, l’énigme Photek s’est forgée en même temps que son identité de jungliste angoissé.
Rupert Parkes commente enfin son évolution de la drum’n’bass à la house, de l’angoisse à l’apaisement, et ses influences du moment, notamment la deep tech-house de Fingers Inc.
Site officiel
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