Il y a quelques années, pour perpétuer l’esprit (?) des grands noms du rock français (d’Henri Salvador au Bonheur Des Dames), ce pays inventait le concept de rock’n’drôle. Triste page de notre histoire, où il fallait pour être dans le coup porter un nez de clown et jouer des reprises de Dutronc arrosées au gros […]
Il y a quelques années, pour perpétuer l’esprit (?) des grands noms du rock français (d’Henri Salvador au Bonheur Des Dames), ce pays inventait le concept de rock’n’drôle. Triste page de notre histoire, où il fallait pour être dans le coup porter un nez de clown et jouer des reprises de Dutronc arrosées au gros rouge. Groupe français souvent drôle, Dionysos ouvre son second album par une reprise de Dutronc. Héritier (sous réserves) des Wampas ou des VRP pour le second degré et les paroles , cousin de Dèche Dans Face pour l’esprit garage , affublé de surcroît d’un patronyme de groupe prog-rock barbu, Dionysos est donc énervant. Mais surtout pour ses chansons, invraisemblables idioties qui proposent à l’auditeur un lavage de cerveau au Karcher. A Valence, Dionysos a séché tous les cours de solfège, jamais mis les pieds dans un magasin d’instruments de musique. Par contre, le groupe a sans doute écouté les Butthole Surfers et collectionné les disques du label Shimmy Disc. Sur cet album, Dionysos pratique encore la crétinerie abrasive, le psychédélisme trépané, entre les gimmicks mongolo-bruitistes de Ween et La Danse des canards des canards décapités, qui font gicler du sang partout. Un étrange orchestre de rock’n’drôle, qui rit tout jaune, bave, grince des dents mais n’oublie jamais d’écrire des chansons. Admirable parcours sans fautes ni garde-fous que celui d’un groupe qui, parti de Dutronc, finit dans les poubelles de Jad Fair ou Beck. Folk déviant, plus dada que Dadi. Insouciant, inconséquent, pas très sérieux mais franchement précieux.
Stéphane Deschamps
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