Intellectuel, à l’échelle d’un pays qui compte parmi cette corporation Michel Onfray, Alain Finkielkraut ou Cyril Hanouna.
J’avoue que j’ai trouvé ça très injuste quand Najat Vallaud-Belkacem t’a qualifié de “pseudo-intellectuel” après tes critiques fort constructives de sa réforme du collège. Sans doute cette jeune étourdie, que tu soupçonnes de vouloir faire enseigner le stand-up, Jamel Debbouze et le grec-frites à la place du latin, t’a-t-elle confondu avec feu l’animateur de Fa si la chanter, Pascal Brunner, mort avant d’avoir pu embrasser une seconde vie de prof de slam dans les futurs collèges JoeyStarr réformés par les socialistes.
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Intellectuel, à l’échelle d’un pays qui compte parmi cette corporation Michel Onfray, Alain Finkielkraut ou Cyril Hanouna, je crois qu’on peut sans mégoter t’en accorder le titre. C’est d’ailleurs sous cette étiquette insoupçonnable, ni de racisme, ni de bêtise, que tu as apporté la semaine passée ta caution à un dossier bien dégueulasse (pardon du pléonasme) de Valeurs actuelles intitulé “La Repentance, ça suffit !”. L’occasion pour notre obsessionnel confrère, avec ta complicité, de mettre une fois encore Hollande et Taubira en une, photographiés lors de l’inauguration du Mémorial ACTe de Pointe-à-Pitre. “Le devoir de mémoire, une soupe morale servie à tous”, dis-tu tout haut, quand les pires des identitaires n’en pensent pas moins, sous-entendant que n’importe qui réclame désormais une réparation (les victimes de l’esclavage, de la colonisation, de la déportation), l’Occident chrétien ayant pour toi la fâcheuse habitude de “creuser ses plaies”. D’une belle formule préparée à l’avance, tu t’enflammes : “L’Amérique est un projet, la France, un chagrin.” Le sanglot de l’homme blanc, le retour de la revanche.
Bande d’enturbannés susceptibles et de fatmas voilées
Que l’Amérique ne s’excuse jamais après avoir industrialisé l’esclavage, plombé de particules des générations de Japonais, ravagé le Vietnam et semé un chaos sans issue au Moyen-Orient, c’est ce que tu appelles donc “un projet”. A côté, nos repentances mesquines et répétitives – dont la Shoah, dis-tu, a “constitué une jurisprudence non seulement juridique, mais aussi morale et politique” –, c’est rien qu’un concours de chialards professionnels pour gratter des jours fériés supplémentaires. Une thèse que Valeurs actuelles traduit plus brutalement en évoquant “la haine anti-France de la gauche”.
Comme tu sais choisir les tribunes où dévider sans contradiction tes pensées, Pascal, au Figaro, tu faisais part, la même semaine, de ton étonnement face au “choix de privilégier l’enseignement de l’islam par rapport à celui des Lumières ou du christianisme médiéval”, sans doute par souci de “plaire aux nouveaux arrivants”, cette bande d’enturbannés susceptibles et de fatmas voilées dont la ministre serait l’otage consentante. Quand, pour finir, tu affirmais sur France Culture : “Nous assistons à une victoire posthume d’Hitler dans la portion la plus radicale du monde musulman, qui a importé tous les préjugés antisémites de l’extrême droite fasciste européenne”, par ce brassage grossier d’un tas d’idées replâtrées, qui méritaient plus de distance, tu inaugurais une nouvelle engeance dans la société médiatique : l’intellectruelle. Et pas pseudo.
Je t’embrasse pas, je pourrais m’en repentir.
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