Samedi soir, AC/DC jouait au Stade de France, pour la tournée de son album « Rock or Bust ». Malgré l’absence du père fondateur Malcolm Young, le Dernier des Mohicans rock aura encore une fois prouvé toute sa valeur. On y était, on vous raconte.
Une scène géante entourée d’une rampe de lumières dissimulée sous une immense paire de cornes du diable qui prendra tout son effet à la nuit tombée. Il est 21 h quand un petit film d’intro fait monter la pression et qu’AC/DC se lance avec Rock or Bust, nouveau titre qui passe très bien la rampe, vite enchaîné à Shoot to thrill puis Hell ain’t a bad place to be.
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Tant qu’il y aura Angus
Pas de temps mort, pas de blabla, pas de prise de tête. Tout ça dépote velu et le groupe moins performant lors des Grammy ou de ses dates à Coachella a rodé sa set-list sur le bout des médiators. En revanche, le son, poussé à fond est un désastre. On ne donnera pas dans la haute-couture sonore ce soir. Mais avec une set-list connue de tous, ce n’est pas comme si l’on allait écouter AC/DC pour découvrir de l’inédit. Les perles s’enchaînent, les boys se déchaînent, et on a beau les avoir vus dix fois, on marche toujours. Stevie Young, le neveu de Malcolm qui le remplace à la guitare rythmique est à droite de la batterie de Chris Slade, Cliff Williams, à la basse sur sa gauche. Mais en dépit de ce groupe renouvelé aux 2/5, très vite, l’œil se focalise évidemment sur Angus, le lutin véloce ! Déjà une grosse demi-heure de show et l’homme qui sue autant qu’Halliday n’a toujours pas tombé la veste. Ca doit être l’Etna sous son habit rouge cerise. Quand enfin…tonnerre ! éclairs ! La foudre se fait entendre via les écrans géants, la foule aussi car voici l’intro de Thunderstruck, dernier super hit d’AC/DC en 90. Angus enfin en chemise peut ensuite envoyer l’ultra efficace High Voltage qui fait un retour apprécié. Rock’n’roll train seule rescapée de Black Ice vieillit très bien, plus que Play Ball en tous cas, deuxième extrait vespéral de Rock or Bust, gentil sur disque, mais un peu insignifiant noyé sous les classiques. Et ne parlons pas du très dispensable Baptism by Fire, qu’on aurait bien vu remplacé par un Rock’n’roll Damnation, un Touch too much, un Flick of the switch même ! Enfin n’importe quoi d’inédit ayant un peu de charpente et de consistance. D’autant que sur les vingt titres joués ce soir, quatorze étaient déjà de la fête en 2009/2010… Hell’s Bells colle toujours la chair de poule et on ne peut s’empêcher de penser à Bon Scott et de se faire sa petite minute de silence perso à l’intérieur. On se demande aussi si Angus pense quelquefois à son ancien chanteur quand la cloche entonne son requiem métallique… Il y a parfois de légers pains des musiciens, mais bon, leur âge vaudrait à chacun la médaille du travail, et si Brian mange quelques lignes vocales, ce n’est pas demain qu’AC/DC se mettra en mode slow motion et jouera du drone. D’ailleurs les fans apprécient, les sourires ne s’éteignant pas plus que les cornes clignotantes coiffées par un bon quart du Stade de France. Ou que les appareils photos qui filment sans relâche.
Dernier des Mohicans rock
A partir de T.N.T où le public se met en mode bond de kangourou, le groupe ne fournit plus que du 35 ans d’âge. En fond de scène émerge la Rosie gonflable en haut de forme et bas filés, parfaitement cheap & nasty, mais faisant secouer la crinière de ceux qui en ont encore. C’est d’ailleurs un des rares gimmicks de cette tournée où même le strip-tease d’Angus est enfin passé à la trappe. C’est sa femme Ellen qui doit être contente, la Néerlandaise n’en pouvant plus de cette comédie. Seul autre rescapé du AC/DC canal historique : le solo étiré de Let there be rock. Il n’y a plus de catwalk géant fendant la foule comme Moïse la Mer Rouge, mais il reste une plateforme en avancée de scène qui s’élève afin que le diablotin puisse s’y rouler par terre. Surtout ne pas choir comme The Edge de U2 l’autre jour… Mais tout se passe bien, ouf ! C’est qu’il est haut perché le garçon et arrivé à un âge où ses fans même plus jeunes s’inquiètent pour lui, Dernier des Mohicans rock. Car du fait de sa pérennité, voir AC/DC en live réveille forcément des moments qui vous chamboulent à l’intérieur, tant le groupe a pu être associé à des moments de vie, heureux ou moins… Mais voilà les boys qui se regroupent pour le final avant rappel. Avec le mojo Highway to hell repris direct par 80 000 pois sauteurs. On note les jolies cornes d’Angus fixées à l’horizontale sur son front, le temps que les canons s’installent sur l’estrade au-dessus de la batterie, et que l’intro de For those about to rock débute, pour un dernier shoot de hard-bluesy légendaire. Au son d’une ultime salve, AC/DC aura une fois de plus impressionné la rétine avant de disparaître dans la nuit en mode veni, vidi, vici. Pas leur meilleure tournée, mais certainement la plus importante pour des fans qui ont pu douter de jamais les revoir suite au retrait de Malcolm Young, le père fondateur, bien évidemment dans les pensées de chacun. Et en 2016, pour une seconde salve du Rock or Bust tour, on espère qu’encore une fois, les murs de la cité résonnent AC/DC !
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