Dans « Quinquennat », le deuxième volet de sa trilogie politique, Marc Dugain livre sa vision parano du pouvoir. Et ne recule devant aucun poncif stylistique.
Le sujet
Un an après L’Emprise, Marc Dugain nous replonge dans les coulisses de la présidence française avec Quinquennat, un roman qu’on devine à clef. On y retrouve les personnages de Launay et Lubiak. Lors de l’élection, Launay fait un pacte avec son rival, Lubiak (du même parti) : le nommer Premier ministre s’il est élu président. Une fois président, Launay trahit Lubiak en tentant de rétablir le septennat. A l’intrigue psychologique se mêlent des intrigues stratégiques : les alliances à passer avec les grands groupes industriels, les investisseurs chinois ou arabes et les services secrets. Marc Dugain livre une vision de la politique façon théorie du complot, une affaire sérieuse tombée entre les mains d’hommes pétris d’ambitions personnelles, et qui aiment un peu trop l’argent. Bref, on nous manipule.
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Le souci
En pleine crise du politique, qui mène tant d’électeurs à se tourner vers le FN, Marc Dugain n’a rien trouvé de mieux à faire que surfer sur l’angoisse et la suspicion des Français vis-à-vis des élus, et à en remettre une couche paranoïaque : la politique n’est qu’un jeu dirigé par la haute finance et autres égocentriques pressés de s’en mettre plein les poches. Vous avez dit poncif ? Mais ce qui fait vraiment grincer des dents, c’est l’écriture, insupportable. Dugain essaie de se la jouer hard-boiled en écrivant “nerveux” : soit une avalanche de phrases courtes, souvent sans sujet, truffées d’images absurdes pour faire “écrit”. Dans Quinquennat, il ne pleut jamais simplement : “l’eau du ciel” est “irrésistiblement attirée par le sol”. Au moindre pouf couvert de velours “lie-de-vin”, “on s’enivre rien qu’à le regarder”. D’autant plus ennuyeux qu’il aime à répéter trois fois la même chose, histoire d’être clair : “(…) on lui avait chaudement conseillé la jeune femme pour en faire son disque dur, sa mémoire auxiliaire, ses yeux dans la nuit”. C’est bon, on a compris.
Le symptôme
Un sujet grave (la politique) pour faire sérieux. Une collection chic (la Blanche chez Gallimard) pour valider qu’il s’agit de littérature. Une sur-écriture pour faire croire qu’on a du style. De l’actualité (la présidence française, la finance, le renseignement, etc.) pour prouver qu’on est un écrivain qui traite du monde. Une trilogie, rien de moins, pour donner l’illusion du grand œuvre. Tout un package “prestige” qui ne parvient pas à dissimuler la faiblesse de son écriture fabriquée, qui sonne faux d’un bout à l’autre du roman. Quinquennat est un de ces romans pièges que certains prendront pour de la littérature comme ils confondent le Canada Dry avec le whisky. Quinquennat en a la couleur, mais pas la force.
Marc Dugain en trois chiffres
3
Le nombre de ses livres adaptés au cinéma. La Chambre des officiers par François Dupeyron (2001) ; Une exécution ordinaire (2010) réalisé par Dugain himself ; La Malédiction d’Edgar (2013), un docu-fiction de Marc Dugain pour la chaîne Planète+. Il a aussi écrit et coréalisé (avec Yves Angelo) un téléfilm, La Bonté des femmes (2011).
280 000
Le nombre d’exemplaires vendus de La Malédiction d’Edgar (2005) – la meilleure vente de Marc Dugain. Il y retraçait la vie de John Egard Hoover, le patron du FBI pendant quarante-huit ans.
22
La place qu’occupe Quinquennat dans le classement des meilleures ventes de romans (Livres hebdo).
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