Pour sa première tournée en tête d’affiche, le jeune Norvégien Sondre Lerche était à Paris le 15 mai au Café de la Danse. Récit d’un concert où le beau Sondre a conquis bien des c’urs et fait valser beaucoup d’étiquettes.
Commencer un concert par le premier titre de son unique album n’est jamais un bon présage. Chez le jeune Norvégien Sondre Lerche, on comprend bien vite qu’il ne faut pas faire grand cas de ces futiles présages.
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Lorsqu’il entonne son Dead Passenger, accompagné par son groupe les Faces Down (trois grands Norvégiens musicalement bien éduqués), il l’oriente rapidement dans une parade groovy bien éloignée de l’original où sa voix, un ton au-dessus des instruments, se fait théâtrale, imposante et éminemment charmeuse.
Ce qui frappe en premier chez Sondre Lerche est cette impression fugace d’avoir devant soi un cas sociologique particulièrement aberrant. Comment ce beau jeune homme, la vingtaine à peine entamée, habillé de pied en cap en skater XXL, peut-il s’évertuer à jouer cette pop précieuse gorgée de mélodies d’une époque honnie ? Et surfer continuellement entre le bon et le mauvais goût, entre l’audace d’une écriture complexe et une complaisance dans le kitsch et le désuet ?
Après un On & Off Again à faire passer Neil Hannon pour un gros bras, il donne finalement la réponse, tout excité à la vue d’une personne du public portant un t-shirt à l’effigie d’un groupe punk : « mais c’est l’anarchie ici ! Moi je joue du soft-rock« . Le (gros) mot est lâché, Sondre est soft : sa démarche nonchalante, ses petits pas de danses à mi-chemin entre Jonathan Richman et John Travolta, son air avenant, tout fait de lui cet être irréel, celui que les parents de « bonne famille » osaient autrefois appeler « le gendre idéal ».
Sur une de ses pépites les plus précieuses, l’agité Vertu & Wine, on comprend cependant les limites de la petite troupe qui a du mal à rendre l’infinie complexité d’un final cataclysmique.
Sondre s’excusera juste après de ne pas manifester son entrain par quelques pirouettes et autres sauts de cabri comme à son habitude : le chéri de ces dames s’est malencontreusement luxé l’épaule le jour même suite à une mauvaise chute en skate-board « rue Charles de Gaulle, je crois' ». Quelques petits gémissements de compassion féminine dans le public lui répondent en echo.
No One s gonna come, tout en transcendance, fait hocher les têtes et valser les c’urs. Applaudissements nourris. Si le public semblait intimidé au début du show, les commentaires assénés par un Sondre Lerche goguenard le réveilleront peu à peu à tel point que Sondre reviendra par trois fois, assurer seul, armé de sa guitare, ce qui restera comme les meilleurs moments du concert : ce Nightingales, piqué au répertoire de ses idoles, les anglais de Prefab Sprout, et qu’il décrit comme « la plus belle chanson jamais écrite« , ce All Luck Ran Out où il fait participer tout le public pour les secondes voix.
Les morceaux se rallongent, laissant enfin l’air frais pénétrer dans leurs structures un peu défraîchies. Comblé et ravi, un peu jaloux aussi, on repartira le c’ur léger en attendant la suite des aventures discographique du Norvégien.
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