Une belle histoire de cocus. De cocus fiers de l’être : “Souvenez-vous de Mudhoney, le groupe qui comptait pour du beurre, le groupe trop paresseux pour vendre son âme au diable, trop cool pour prendre l’oseille, trop abruti pour abandonner”, annonce fièrement la déclaration d’intention qui fait office de dossier de presse. Puis de s’en […]
Une belle histoire de cocus. De cocus fiers de l’être : « Souvenez-vous de Mudhoney, le groupe qui comptait pour du beurre, le groupe trop paresseux pour vendre son âme au diable, trop cool pour prendre l’oseille, trop abruti pour abandonner », annonce fièrement la déclaration d’intention qui fait office de dossier de presse. Puis de s’en prendre à la Terre entière, de Nirvana aux Stone Temple Pirates (sic), une belle lettre de cocu de l’Histoire, de largué en beauté, de couillon paumé, tout seul à Seattle quand tous les autres sont partis courir le monde. Le pire, c’est qu’on n’a même pas de peine, de compassion pour Mudhoney, mauvais groupe au destin juste. Aujourd’hui anonyme et anodin, comme il se doit. Rageant, sûr, quand on a vu tous ses enfants putassiers quitter la maison pour la gloire sans même dire merci pour tout. Le propre des parents, ça : élever du mieux puis mourir sagement quand les morveux quittent le nid. Une dure loi pour qui refuse de voir en l’ingratitude un commandement divin. Pour avoir oublié cette règle absolue du rock place aux jeunes, honte aux vieux , ce faux retour de Mudhoney prend des allures de Spinal Tap, de sale caricature. « Nous sommes le seul groupe grunge véritable en 95« , clame fièrement le groupe, en s’accrochant pathétiquement aux branches d’un arbre qu’il avait pourtant lui-même planté dès Superfuzz big muff. C’était par une furieuse nuit d’orage il y a six ans, il y a des siècles. Depuis, on a appris à se dégoûter de ces guitares analphabètes, de ces chansons systématiques, de ce groupe vivant sur son fonds de commerce, guide et rentier épuisant du musée grunge. Dégoûtant et obscène, crampon au possible, aigri à mort. Trop embarrassant pour la compassion, trop fier-à-bras pour la condescendance, Mudhoney mourra seul et pauvre, prisonnier d’un son rhumatisant, sans même un petit mandat d’enfants reconnaissants. Un cocufiage d’autant plus spectaculaire qu’à l’âge de Mudhoney, on ne se remarie pas.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}