Thierry Raspail et son commissaire Ralf Rugoff ont dévoilé lundi et mardi derniers le programme de la prochaine Biennale de Lyon.
Thierry Raspail et son commissaire Ralf Rugoff ont dévoilé lundi et mardi derniers le programme de la prochaine Biennale de Lyon.
C’est presque un piège qu’a tendu Thierry Raspail, le fondateur de la Biennale de Lyon, à son commissaire invité l’anglais Ralf Rugoff. Un piège en forme de mot-clé, “moderne”, qui donnera le la des trois prochaines éditions de la très solide Biennale de Lyon qui ouvrira en septembre prochain sa 13e édition. “Nous n’avons jamais été modernes” écrivait en 1991 le sociologue Bruno Latour. “Le moderne est la condition du contemporain” a estimé de son côté Thierry Raspail lors du double lancement de la Biennale, lundi et mardi derniers à Lyon et Paris.
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Anthea Hamilton, Manarch Pasta, 2010. Courtesy de l’artiste. @DR.jpg
Rappelant la querelle des Anciens et des Modernes, l’élargissement de la parabole moderne par Clement Greenberg dans les années 50, et jusqu’à la fin des grands récits dans les années 80 qui annoncèrent la mort de la modernité (au profit d’une postmodernité vaporeuse), Raspail retraça à la vitesse de l’éclair l’histoire d’une notion, d’un label presque, qui n’en finit plus de hanter l’histoire de l’art.
“Il faut mesurer l’ombre portée du passé sur notre présent” a simplement répondu, avec un flegme très britannique le commissaire invité Ralf Rugoff qui dirige par ailleurs la Hayward Gallery à Londres. Et, devant une image parlante de la Russe Marina Pinsky, une nature morte combinant plusieurs instruments de mesure du temps (sablier, montres et horloges) photographiés chacun séparément selon un temps de pose propre avant d’être ré-agencés dans une image arrêtée, il s’interroge :
“De quelle modernité parle t-on ? De celle des sixties ? D’aujourd’hui ? Moderne est devenu un mot contradictoire, loin de l’idée de nouveauté qu’il comportait. Mais cela ne doit pas nous empêcher d’interroger notre relation au passé, ou plutôt la façon dont le passé continue de jouer dans le présent. Une biennale c’est aussi une mesure du temps”
Le commissaire a ensuite passé en revue quelques-unes des œuvres (dont la plupart inédites) qui seront présentées à partir de septembre à la Sucrière, au MAC de Lyon ou au tout nouveau musée des Confluences. Celle de Kader Attia qui reviendra sur les attentats de Charlie Hebdo, celle d’Ahmet Ogut, un hommage au premier film des frères Lumière mis en parallèle de la condition ouvrière aujourd’hui, ou le monument à la crise grecque d’Andreas Lolis.
Du côté des artistes français, très présents dans cette “Vie Moderne” : on retrouvera, entre autres, Hicham Berrada, Julien Prévieux, Cyprien Gaillard, Fabien Giraud & Raphaël Siboni, Camille Henrot, Laura Lamiel ou Tatiana Trouvé. “Une biennale n’est pas un statement définitif mais le début d’une conversation” a conclu l’élégant Ralf Rugoff.
Julien Prévieux, La Totalité des propositions vraies (avant), 2009. Courtesy Galerie Jousse Entreprise
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