Rubrique hebdomadaire des spectacles à ne pas manquer du 19 au 26 mai.
Brasser et mettre à l’honneur la vitalité des jeunes créateurs français sous le regard attentif et inventif d’un parrain – Matthias Langhoff en 2013, Pierre Debauche en 2014 et cette année, Jean-Pierre Vincent –, c’est la règle du jeu de Théâtre en mai, dont Benoît Lambert signe la 26e édition, du 22 au 31 mai au Théâtre Dijon Bourgogne. Réunissant 14 compagnies françaises et étrangères, de Vilnius à Alger ou Athènes, Théâtre en mai est l’antidote au marasme ambiant et son directeur l’affirme en connaissance de cause : « Dans une période aussi troublée que celle que nous traversons, on peut trouver, dans cette belle santé du jeune théâtre, des raisons d’espérer… »
En ouverture, la création de Jean-Pierre Vincent : En attendant Godot, de Samuel Beckett. A voir ou à revoir : Le Capital et son singe, d’après Marx, mis en scène par Sylvain Creuzevault, Petit Eyolf, de Henrik Ibsen, mis en scène par Jonathan Châtel. Late Night et Vania. 10 ans après du Blitz Theatre Group, Mickey le rouge, d’après Tom Robins, mis en scène par Thomas Condemine, Arable, de Karima El Kharraze ou Bonne journée ! d’Operomanija, mis en scène par Rugilè Barsdzjiukaité.
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A Grenoble, le Collectif du Troisième Bureau se penche sur la jeunesse et l’adolescence pour son festival des nouvelles écritures théâtrales Regards Croisés, du 19 au 23 mai. Marraine de cette 15e édition, l’Américaine Naomi Wallace sera présente aux côtés de Tiago Rodriguez (Portugal), Evan Placey (Royaune-Uni), Samuel Gallet (France), Wael Kaddour (Syrie), Magali Mougel (France), Guillaume Poix (France), Laura Tirandaz (France) et Serge Pey (France). Accompagnés de traducteurs, chercheurs, metteurs en scène ou chanteurs, leurs textes feront l’objet de lectures en scène, de rencontres et de tables rondes dans différents lieux de Grenoble : le théâtre 145-Le Tricycle, la librairie Le Square, la bibliothèque du centre-ville et le Magasin, centre national d’art contemporain.
De mai à juillet, le Centre national des arts de la rue propose des Pronomade(s) en Haute-Garonne. Les 22 et 23 mai, Joris Lacoste présente la Suite n°1 “ABC” de son Encyclopédie de la parole à Valentine, communauté de communes du Saint-Gaudinois. Composé de conversations entre amis, commentaires sportifs, babils d’enfants, jeux télévisés, ce spectacle est une sorte d’ABC de la parole ordinaire qui table aussi sur la participation du public. “Besoin de vous…”, annonce le programme des Pronomades et précise : “En vrac, on a besoin : de garages à Aspet pour la création de Floriane Facchini, d’un cinéma à Aurignac pour l’équipe NCNC, des services voiries de Carbonne pour la création 2015 de KompleX KapharnaüM, de vos maisons et jardins si vous habitez Encausse-les-Thermes pour présenter Fugit de Kamchâtka, de 11 voix de chanteurs ou comédiens amateurs pour Joris Lacoste, de 30 bottes de paille et quelques-unes de foin pour les chevaux de Baro d’Evel cirk cie…. Alors on a vraiment besoin de vous !”
On s’en réjouit, Sébastien Barrier est de retour à Paris avec Savoir enfin qui nous buvons, spectacle possiblement sans fin, présenté au théâtre du Monfort du 21 au 23 mai. Une soirée inoubliable en compagnie d’un bavard impénitent, anthropologue du quotidien, qui dit souffrir d’une forme de bégaiement fort singulière. Loin d’achopper sur l’enchaînement syllabique, sa parole coule comme une cataracte, accrochée aux méandres tortueux des digressions qui cartographient son récit comme autant d’affluents, confluents, deltas, vallées et plaines qu’on parcourt avec lui, impatients de découvrir ce qui se cache au prochain tournant du paysage ligérien où vivent et travaillent les vignerons qui sont le socle de l’histoire qu’il nous conte. Avec dégustation à la clé, comme autant de stations désaltérantes, de ces vins de Loire autour desquels s’ordonne (façon de parler) et s’élucide le titre énigmatique de son spectacle : Savoir enfin qui nous buvons.
Un spectacle d’actualité ? Oui, sauf qu’il plonge dans le passé ses ramifications où le présent s’englue… Le théâtre Majaz présente Les Optimistes au théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis du 20 au 31 mai. Extrait : “Je sais maintenant à quel peuple j’appartiens. J’appartiens au peuple des réfugiés. Nous n’avons pas de langue, pas de religion, pas de couleur. Nous sommes le peuple des lettres, des photos, des films. Nous, nous portons nos maisons sur le dos.” Venus d’Israël, de Palestine, de France, du Liban, d’Espagne, d’Iran ou du Maroc, chaque comédien du théâtre Majaz revendique un théâtre politique et engagé et considère la mémoire collective comme une œuvre d’art. Pour Les Optimistes, de Lauren Houda Hussein et Ido Shaked, mis en scène par Ido Shaked, la troupe est partie en enquête : des camps d’extermination en Europe, en 1948 au Proche-Orient, mais aussi au Maghreb, on suit le chemin de Samuel, un avocat trentenaire, envoyé en Israël après la mort de son grand-père pour y vendre sa maison.
https://youtu.be/89ileCYKxS4
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