En avant-première de Regeneration, Neil Hannon présentait, le mois dernier sur une scène londonienne, ses chansons déraillées et son look débraillé.
Les dernières fois qu’on a vu Neil Hannon sur scène, c’était exaspérant, et crispant : il faisait dans le précieux boursouflé, la grandiloquence joufflue et tellement vaine. Fanfaronnades cabotines et batterie pesante nuisaient honteusement aux charmes des chansons c’était à se demander comment on avait pu, un jour, être ému par les prestations scéniques du gringalet.
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Depuis, Neil Hannon a beaucoup changé : de musique, de maître de ballet, de coiffure, de tailleur, de tactique. Il est passé de la parodie de lui-même à une autre personnalité qu’on ne soupçonnait pas, a troqué son frac pédant contre une dégaine post-grunge, un look de slacker négligé. Comme si Neil Hannon, emberlificoté depuis ses jeunes années dans ses costumes et son petit look soigné, cherchait maintenant à rattraper une adolescence trop vite survolée.
La jeunesse sied bien à Neil Hannon. Et lors de son premier concert de présentation du nouvel album Regeneration à Londres, il incarne, sur scène, la vitalité et la fraîcheur de sa nouvelle tenue. Pourtant, la formation musicale reste la même, ses musiciens de la mauvaise passe sont toujours là. Mais cette fois, Divine Comedy joue sans chichis, sans minauderies. Les accords sont secs, les enchaînements rapides, les morceaux épurés. Une guitare collée dans les mains de Neil Hannon l’empêche de faire le pitre, de se mettre en scène et en avant. Son véritable atout, sa voix, en est d’autant plus mis en valeur non plus bradée et braillée, mais enfin subtilement matée.
L’essentielle nouveauté, c’est que Divine Comedy joue collectif. Divine Comedy est un groupe et Neil Hannon parvient à le prouver sur scène, rabaissant ses prétentions et se fondant sans condescendance parmi ses musiciens, presque effacé et humble. Son non-look et son retrait du devant de la scène confirment la stratégie de groupe : la cohérence gagnée s’imprime sur les chansons qui perdent leurs bonnes manières compassées et gagnent en brutalité. Plus d’easy-listening de pacotille, mais de la pop franche, parfois presque synthétique, poétique, organique, ou menaçante et lancinante. Sobre et basique, presque expérimentale parfois, la performance de Neil Hannon a tout juste perdu, dans son refus des flonflons, son petit côté décadent et désuet Lui faisait autrefois son charme.
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