Bernstein s’est emparé de New York, érigeant des gratte-ciel de romantisme dont cette compilation résume les sommets. Bernstein s’imposa rapidement dans le théâtre new-yorkais avec On the town. Pourtant, le triomphe de Wonderful town puis de West Side story ne vint pas calmer les états d’âme d’un monde musical qui attendait tout autant, sinon plus, […]
Bernstein s’est emparé de New York, érigeant des gratte-ciel de romantisme dont cette compilation résume les sommets.
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Bernstein s’imposa rapidement dans le théâtre new-yorkais avec On the town. Pourtant, le triomphe de Wonderful town puis de West Side story ne vint pas calmer les états d’âme d’un monde musical qui attendait tout autant, sinon plus, du Bernstein chef d’orchestre. Lui-même cogita sur un éventuel destin de compositeur sérieux. Après l’échec de Candide et au sortir d’un long silence, plus question de se tromper. Avec Trouble in Tahiti et son pendant, A Quiet place, Lennie parvient à bon port en foulant les terres explorées avant lui par Kurt Weill et Alan Jay Lerner dans Love life que l’on découvrait récemment dans l’album concocté par EMI. A travers l’analyse d’un groupe relationnel, ici un couple, là une famille entière, c’est l’identité culturelle qui est en jeu, sur fond d’accident de voiture et de règlements de comptes glauques. Cette dimension est révélée dans le trio jazz inséré dans la suite tirée de A Quiet place. Mélancolie, mystère, blues : tout y est. Une courte plage de rêve portée par un métier infaillible. Mais Bernstein n’a pas attendu si longtemps pour se faire remarquer de ses pairs. Le ballet Fancy free (1944), prototype de On the town, déroule par le sens du rythme, de la couleur et des enchaînements tout ce que lui devra la génération de John Adams. La Danzon variation est en fait le cœur de l’album Nonesuch qui s’ouvre sur le fameux Lonely town, rendu avec pudeur par Dawn Upshaw. On est déjà sous le charme. On continue avec What a waste (le moral est au beau fixe), on se travaille le palais dans le très gershwinien Wrong note rag pour finalement improviser un boogie dans son salon. Afin d’éviter l’accident, on changera de disque pour revenir à un Bernstein plus sérieux. Thomas Hampson, autre stakhanoviste du moment avec Michael Tilson Thomas, est encore là en compagnie d’une vieille mais fraîche habituée des récitals de musique sérieuse, Frederica von Stade, dans les Arias and barcarolles, une des dernières œuvres de Bernstein (1988). Ce faisant, on referme la boucle. Retour conjugué des fantasmes esthétiques exacerbés et du destin du groupe relationnel (le couple, la naissance et l’enfance, les scènes domestiques), mais avec détachement, apaisement et humour. Bernstein veut clamer l’inutilité de la question abstraite et la toute-puissance de la vie. Avec cet adieu qui perpétue l’héritage mahlérien et straussien du cycle, il divulgue sa stature musicale inaltérée.
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