Un groupe rock rend toute son urgence à la poésie rare du poète et musicien de La Réunion.
En 1995, après de longues années à tremper dans la poésie de contrebande, vagabonder avec le diable et boire à ne plus savoir où poser ses pieds ni ses idées, Alain Péters quittait ce monde. Il n’avait que 43 ans et sa renommée, confidentielle et limitée à La Réunion, n’avait pas encore atteint la métropole. Aujourd’hui, le chanteur maudit n’en finit plus d’envoûter les âmes un peu pirates, obsédées de créativité sans amarres. Après le Wati Watia Zorey Band l’an dernier, c’est au tour de Girafe, formation rock menée par l’ancien membre de Bratsch Bruno Girard, de recréer quelques-unes de ses compositions. Sans rien trahir du spleen de ses chansons, le groupe ouvre les vannes aux tumultes qui couvaient en elles et libère des flots d’électricité orageuse et jouissive. L’énergie de cette poésie sans détours, de sons frêles et de mots âpres, s’en trouve magnifiée jusqu’à délivrer de nouvelles images d’une beauté saisissante.