Déjà, le nom du groupe fournit quelques belles perches pour latter les gros doigts de Revelations. On pourrait ainsi parler de Gene élimé, usé jusqu’à la trame, dont on devine à travers la pauvreté de l’étoffe le cul bas et les genoux cagneux. On pourrait parler de dry Gene, tant ce goupe paraît à sec, […]
Déjà, le nom du groupe fournit quelques belles perches pour latter les gros doigts de Revelations. On pourrait ainsi parler de Gene élimé, usé jusqu’à la trame, dont on devine à travers la pauvreté de l’étoffe le cul bas et les genoux cagneux. On pourrait parler de dry Gene, tant ce goupe paraît à sec, les idées taries. Au contact de ce Gene morose et peine-à-jouir, même le Schweppes cesserait de pétiller, les glaçons se mettraient en grève. On pourrait également parler de Gene-tics, pour cette façon très Dolly (le mouton, pas le groupe) de ressembler aux Smiths mais de loin, seulement, à contre-jour.
Les titres de cet album boursouflé et creux nous aideront également. Le vilain The British disease notamment, tant cet album semble contaminé par cette étrange atrophie du muscle qui vire à l’épidémie chez les anciens freluquets de la pop fragile anglaise : on vit ainsi James, Shed Seven, Embrace ou Gene se transformer, comme le gringalet de la publicité Bullworker, en fort des halles, le son soudain sévèrement burné, les refrains gonflés à l’EPO, histoire de triompher au stade. Une maladie anglo-anglaise (la moitié des mélodies sont ici des resucées laborieuses d’une pop autarcique, de Jam à Suede en passant par les Smiths) qui anéantit les envies d’aventure ; une maladie du cerveau, soudain spongieux, qui interdit l’intelligence de séjour dès que se décide l’écriture des chansons. Une maladie sans doute propagée par les frères Gallagher qui, eux, peuvent facilement remplacer l’intelligence par un instinct inouï et qui, chez les autres groupes, ressemble à un furieux nivellement par le plus bas, le plus bête, le plus lourd, le plus vieux. Autrefois sophistiqué, gracieux et hautain, Gene s’est aussi laissé pousser les cheveux mauvais garçon, roule des mécaniques : on croirait Michel Serrault jouant au camionneur dans La Cage aux folles. Et quand il rendosse sa fragile mélancolie, c’est comme un vieux manteau trouvé au fond d’un placard, presque un déguisement. Pourtant, l’ambitieux Fill her up ou Love won’t work rappellent que Gene possède un guitariste rare, un chanteur pas forcément agaçant, une science gonflée des arrangements et un authentique talent à mettre en scène les scènes romantico-tragiques. Sans ces deux chansons, on aurait également trouvé dans le titre des chansons de Revelations (le mal nommé) les mots de la fin : ça aurait pu être Stop ou, surtout, You’ll never walk again.
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