Clamons ici notre amour pour la country, la seule, celle qui s’offre sans fard, guimauve ni flot de testostérone, nue comme aux premiers jours, pure comme les complaintes sublimes et déchirées de la famille Carter, des Johnny Cash, Gram Parsons, Guy Clarke ou Will Oldham. Et rendons grâce, une fois encore, aux Cowboy Junkies, fratrie […]
Clamons ici notre amour pour la country, la seule, celle qui s’offre sans fard, guimauve ni flot de testostérone, nue comme aux premiers jours, pure comme les complaintes sublimes et déchirées de la famille Carter, des Johnny Cash, Gram Parsons, Guy Clarke ou Will Oldham. Et rendons grâce, une fois encore, aux Cowboy Junkies, fratrie canadienne dont le deuxième album, The Trinity sessions, agit sur les esprits comme un révélateur, en incarnant une country longtemps fantasmée, sommeillant dans les cervelles de blancs-becs imbibés de Velvet et de new-wave, émerveillés par ce qu’ils découvraient sur des vinyles râpés de Hank Williams chansons sans âge, couturées de chagrins insondables, de peines éternelles. Avec leurs guitares gauches, leur songwriting de communiants et la voix monacale de leur chanteuse, la troublante Margo Timmins, les Cowboy Junkies portèrent sur les fonts baptismaux toute la scène néo-country à venir. Versé dans la continuité, leur art tient dans la quête de notes pleines de silence. Sur leurs disques, voix et instruments s’interpellent de loin, comme s’ils avaient peur de se toucher, de se marcher dessus ; dans l’intervalle se faufilent quelques belles mélodies (Sad to see the season go), mélopées mélancoliques où la reine Margo étale des trésors d’ingénue suavité.
Gens d’immense bon goût, les Walkabouts ont d’abord inculqué l’idiome roots aux masses grungy, avant de se transbahuter sur le terrain d’une pop balisée à l’encre de Chine, enveloppée de cordes et de claviers poignants. L’ennui, c’est que cette musique aux accents dramatiques, parfaite dans la forme, pèchait par manque de dextérité mélodique, entraînant l’auditeur dans des affres d’indifférence polie. Une fois de plus superbement produit (on croit parfois entendre Mark Hollis jammant avec Nick Cave), Trail of stars se distingue de ses prédécesseurs par l’écriture, soignée à l’extrême : Gold, par exemple, a tout d’une grande chanson moderne, avec son beat lancinant, ses boucles de piano et ses enluminures électroniques. Certes, on est loin des grands espaces country et du yodel de Jimmie Rodgers, mais l’esprit est là, jusque dans la clarinette folâtre de On the day, jusque dans ces loops hébétés, cette reprise groovy du Bonnie & Clyde de Gainsbourg.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}