Manifestation d’arts visuels, Paris/Berlin propose une programmation dense de cinéma, d’art vidéo et de performance et rend hommage à Wolf Vostell, premier artiste multimédia.
En 1963, au moment où Nam June Paik trafique des vieux postes de télévision pour sa première exposition personnelle, l’artiste allemand Wolf Vostell filme la télévision avec une caméra 35 mm, mettant en évidence le jour de la projection du film Sun in your head, l’effet de trame, un flux interminable de décrochages intempestifs de l’image cathodique. La postérité retiendra les bricolages technologiques de Paik, et oubliera Vostell, pionnier d’un art multimédia qui invente l’art vidéo avec une caméra de cinéma.
Aujourd’hui pour sa quatrième édition, les Rencontres Internationales Paris/Berlin, qui se déroule dans la capitale française du 2 au 16 mars, rendent hommage à l’artiste allemand décédé en 1998. Une heureuse initiative car malgré quelques bandes de vidéo performances rangées dans des collections de quelques grands Musées comme le Centre George Pompidou, l’ uvre de Vostell est pour ainsi dire peu accessible. Au programme donc, hormis le mythique Sun in your head, d’autres décollages télévisuels sont à découvrir : l’occasion de prendre la mesure du geste plastique de l’un des piliers du groupe Fluxus.
Créées en 1998 sur l’initiative d’un groupe de réalisateurs indépendants adeptes du documentaire de création, du cinéma et des arts plastiques, les Rencontres Paris/Berlin mêlent prospective, avec des centaines de nouvelles réalisations venant des quatre coins du monde, regards confirmés avec cartes blanches à des cinéastes de renoms comme les Straub et Huillet, programmations spéciales autour de personnalités de l’image plastique comme le photographe britannique Richard Billingham et la cinéaste Chantal Akerman.
Une programmation dense qui se déploie pendant une quinzaine de jours entre le cinéma l’Entrepôt, l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et la Ménagerie de Verre (voir programme au jour le jour), et qui place ces rencontres dans le paysage des manifestations d’art visuels, comme une curiosité mixant cinéma de tout bord, arts plastiques, performances et musique expérimentale, mais dont le choix ne porte aucun stigmate d’un circuit de relations particulières. Un autre regard bienvenu.
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