De Youssou N’Dour à Amara Touré.
Youssou N’Dour et le Super Etoile de Dakar
Fatteliku
Enregistré à Athènes en 1987, ce live témoigne d’une époque particulière, celle où le public occidental accueillait avec enthousiasme des chanteurs africains ou asiatiques aux côtés de ses idoles anglo-saxonnes et où, pour le meilleur et le pire, s’est inventé ce qu’on a appelé la world music. Introduit par Peter Gabriel, le jeune Youssou N’Dour, tout mince sous sa casquette, y déploie ses vocalises en or sur un tapis de cocottes, nappes synthétiques et saxophone “so 80’s” richement orné de percussions sénégalaises. Par la grâce de cette voix unique et de l’énergie qui la soutient, on est repris au charme de cette heure un peu naïve où l’optimisme semblait encore autorisé. Sortie le 16 octobre.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Amadou Balaké
In Conclusion
En mars 2013, au terme d’une carrière mouvementée qui avait connu bien des hauts et des bas, le légendaire Amadou Balaké, alors membre du groupe Africando, retournait en studio pour réenregistrer ses grands titres en quelques prises. Le chanteur burkinabé étant décédé en août 2014, In Conclusion apparaît aujourd’hui comme son testament, le plus beau qui soit, débordant de vigueur funk et restituant parfaitement l’extraordinaire force émotionnelle qui se dégageait des interprétations de Balaké.
Vieux Farka Touré & Julia Easterlin
Touristes
D’album en album, Vieux Farka Touré s’impose comme un musicien ambitieux dont le solide ancrage dans le blues malien ne bride pas les aspirations à aborder d’autres horizons. Plus fructueuse que ses improvisations en compagnie d’Idan Raichel, sa conversation avec la folk aventureuse de Julia Easterlin le mène vers une musique à la fois rêveuse et charnue où chacun joue sa partition à part égale, la sensitivité de Julia épousant naturellement les brillances organiques de Vieux. Premier fruit de cette collaboration qu’on espère durable, Touristes sort le 30 octobre.
Mamadou Kelly
Djamila
Pas assez connu par chez nous – son premier album était passé à peu près inaperçu, sauf aux Inrocks – Mamadou Kelly pratique le mélange de folk et de blues caractéristique de la région de Tombouctou. Accroché à un train parfaitement huilé de guitares, orgue et calebasse, Kelly murmure des ritournelles porteuses d’une paix profonde, instauratrices d’un temps différent où rien ne se précipite et où la musique paraît une respiration partagée. Simple et beau, Djamila, son nouveau disque, sort le 30 octobre.
https://soundcloud.com/clermont_music/mamadou-kelly-baudi
Inna Modja
Motel Bamako
Motel Bamako s’ouvre sur une mélodie jouée à la kora et c’est tout sauf un hasard : ce troisième album, Inna Modja l’a voulu plus malien que les précédents. Pour cela, elle est retournée à Bamako, a collaboré avec Cheick Tidiane Seck et Oumou Sangaré et décidé d’écrire la plupart de ses textes en bambara. Porté par le très efficace Tombouctou, le propos pacifiste et les inquiétudes sur l’avenir du Mali se lovent ici dans une pop nourrie d’electro, de hip hop et de réminiscences traditionnelles. A paraître le 2 octobre.
Roland Tchakounté
Nguémé & Smiling Blues
Si simple par son harmonie mais si difficile à interpréter, le blues rend toute tricherie impossible : soit c’est bon, soit c’est infect. Le nouvel opus de Roland Tchakounté appartient d’emblée à la première catégorie. Ici on appuie à fond sur les temps, on laisse la guitare s’exprimer longuement et l’espace se remplir d’un chant rocailleux, profondément africain dans ses intonations, mais dont la plainte est assurément blues. Si les trois derniers titres sont plus anecdotiques, ils ne gâchent pas l’envie d’assister au concert programmé le 1er octobre au New Morning.
Baba Sissoko
Three Gees
Maître du luth ngoni et du tambour tamani, griot par filiation et bluesman par vocation, Baba Sissoko adapte les structures lentes et répétitives de l’amandran, forme musicale traditionnelle du Mali, pour un orchestre comprenant guitare électrique, basse, orgue et batterie. Brumeux, planant et terrien à la fois, Three Gees se rapproche ainsi de la soul psychédélique américaine de la fin des années 60 sans rompre avec l’africanité. Le métissage était osé, il a enfanté un album qui séduit par-delà son originalité.
Ballaké Sissoko et Vincent Ségal
Musique de nuit
Complices au point de se sentir de la même famille, le virtuose de la kora et le violoncelliste français poursuivent depuis longtemps une méditation musicale commune. Enregistré dans l’urgence, à Bamako, quelques jours après les attentats de janvier, cet album constitue un effort pour retrouver un semblant de sérénité et bâtir un rempart indestructible par-delà les origines et les confessions. Il y parvient sans le moindre artifice, par l’invention sur le vif d’une musique traduisant des états d’âme contrastés, où la fraternité et l’écoute ouvrent toutes les portes et au cœur de laquelle, soudain, rayonne, comme un symbole humaniste, la voix bouleversante de l’immense Babani Koné.
Dieuf-Dieul de Thiès
Aw Sa Yone vol. 2
La parution en 2013 du premier volume de Aw Sa Yone avait été un éblouissement. On découvrait alors le Dieuf-Dieul de Thiès, excellente formation sénégalaise dissoute avant même que ses enregistrements ne soient diffusés en cassettes. Tirant l’essentiel de sa matière des mêmes sessions, ce second album est aussi bon que le précédent ; on y retrouve le même feu de brousse où mbalax, jazz et psychédélisme s’embrasent en grooves bouillonnants et longues incandescences vocales. Bonne nouvelle supplémentaire, cet album à paraître le 30 octobre annonce la reformation du groupe, 32 ans après sa séparation.
Amara Touré
1973-1980
Cette compilation éditée par Analog Africa comprend l’intégralité des enregistrements d’Amara Touré, chanteur guinéen dont la trace est perdue depuis près de vingt ans, et qui fut pourtant acclamé au Sénégal, au Cameroun et au Gabon pour ses interprétation de la leçon afro-cubaine. Ici réunis, ses trois singles et son unique LP constituent tout son legs, maigre récolte de dix chansons, mais dont aucune n’est dispensable. Car l’éclat de ces languissantes rumbas africaines n’est en rien terni et les saillies du grand chanteur disparu les irradient toujours d’une pénétrante mélancolie.
{"type":"Banniere-Basse"}